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Un 1er mai syndical tendu sous le signe de la loi travail


Jean-Claude Mailly (FO) et Philippe Martinez (CGT) lors d'une manifestation contre la loi travail le 9 mars 2016 à Paris. (Photo : AFP)

Le 1er mai syndical, qui verra CGT et FO défiler côte à côte pour la première fois en sept ans, est dirigé cette année contre la loi travail, dans un climat tendu après deux mois de contestation et de manifestations émaillées de violence.

De Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Manuel Valls a adressé dimanche une ferme mise en garde aux éventuels «casseurs», appelant les organisateurs des manifestations à prendre «leurs responsabilités».

La veille, son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait envoyé des consignes aux préfets sur les mesures à prendre pour éviter les débordements. Les manifestations de jeudi contre le projet de loi travail, à Paris et en province ont fait 78 blessés chez les forces de l’ordre, et un étudiant de 20 ans, atteint par un projectile à Rennes, a perdu la vision d’un œil.

Après ces événements, la CGT a dénoncé la «répression» des militants syndicaux, tandis que le Parti de Gauche demandait samedi «des comptes» à M. Cazeneuve dénonçant l’«escalade de la violence» policière. Dimanche, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a lui souligné la difficulté de contrôler «les casseurs» en marge des manifestations: les services d’ordre «ne peuvent pas protéger toute l’avenue» et «la police fait son travail», a-t-il dit, soulignant que les éventuels «dérapages» appelaient sanctions.

Soudés dans leur refus du projet de loi travail, examiné à l’Assemblée nationale à partir de mardi, FO et CGT vont défiler ensemble dans l’après-midi pour la première fois depuis 2009.

Jean-Claude Mailly et son homologue de la CGT Philippe Martinez conduiront la manifestation parisienne à partir de 15H00 de Bastille à Nation, pour réclamer «le progrès social». Les leaders de FSU, Solidaires et des organisations étudiantes (Unef) et lycéennes (UNL et FIDL) seront aussi présents. Des manifestations et rassemblements sont prévus partout en France.

Dans la matinée, Jean-Claude Mailly a déposé une gerbe au Mur des Fédérés, au cimetière du Père Lachaise, en hommage à la Commune, une tradition de FO.

« Convergence des luttes »

De leur côté, les réformistes (CFDT, CFTC et Unsa et la FAGE pour les étudiants) ont organisé des tables rondes, dont l’une sur la loi travail. Pour ce camp, pas question de «demander le retrait d’un texte porteur de progrès pour les travailleurs», rappelle Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT qui loue, entre autres, la mise en place du compte personnel d’activité (CPA).

Depuis 2013, CGT et CFDT ne défilent plus ensemble le 1er mai, leur relation s’étant dégradée après l’approbation par la centrale de Laurent Berger de l’accord sur la sécurisation de l’emploi, dénoncé par la CGT. Le projet de loi travail n’a fait qu’aggraver leurs divisions.

Le 1er mai cette année prend une tournure spécifique avec l’avènement de «Nuit debout», lancé au soir du 31 mars, jour de la plus grosse mobilisation contre la loi travail (390 000 personnes dans 250 villes, selon les autorités; 1,2 million selon les organisateurs). Dimanche, des responsables syndicaux ont prévu de se rendre place République, mais pas les numéros uns.

Jeudi, Philippe Martinez y est intervenu pour la première fois, pour évoquer la «convergence des luttes», alors que 63% des Français estiment que ni Nuit debout, ni les syndicats, ni les partis ne sont «en phase avec les salariés», selon un récent sondage. En revanche, sept Français sur dix considèrent que «la lutte des classes est une réalité en France».

La journée des travailleurs, célébrée dans de nombreux pays, est née à Chicago en 1886 à l’initiative d’un mouvement syndicaliste réclamant la journée de travail de huit heures. Mais aujourd’hui «le sens historique ou politique en est perdu. C’est lié à la baisse de la représentativité syndicale dans toutes les entreprises, pas qu’en France», relève Sylvain Niel, avocat spécialiste du droit du travail.

L’année dernière, le 1er mai avait réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants (110 000, selon la CGT, 76 000 selon la police) un peu partout en France, dont 9 000 à 12 000 à Paris.

Le Quotidien/AFP