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UE : Paris doit continuer ses efforts budgétaires, Berlin stimuler l’économie


Le commissaire européen à l'Économie, Pierre Moscovici. (photo AFP)

La Commission européenne a enjoint mercredi la France à poursuivre ses efforts budgétaires et incité l’Allemagne, aux excédents commerciaux record, à faire plus pour stimuler l’économie, à quelques mois d’élections cruciales dans ces deux pays.

Pour la France, « nous constatons une correction graduelle des déséquilibres, grâce à un certain nombre de développements économiques et de réformes adoptées », a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

« Il y a eu donc des progrès: mais il faut certainement faire davantage », a ajouté M. Moscovici lors de la présentation à Bruxelles du rapport annuel sur les « déséquilibres macroéconomiques » dans l’UE.

« Ce sera pour le prochain gouvernement et nous serons donc très attentifs aux engagements qu’ils présenteront », a prévenu l’ancien ministre des Finances du gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault.

Ce satisfecit, doublé d’une mise en garde, n’a pas manqué de réjouir l’actuel ministre français des Finances Michel Sapin: « La Commission salue les réformes menées depuis 2012 (…) La France termine le quinquennat dans une bien meilleure situation qu’il y a cinq ans ».

Dans le cas de l’Allemagne, l’exécutif européen a constaté une fois de plus « que l’excédent courant très important n’est pas sain pour l’économie, et en plus qu’il crée des distorsions très significatives (…) pour la zone euro tout entière ». M. Moscovici a cependant reconnu « que l’Allemagne avait commencé l’année passée à relancer l’investissement public », l’enjoignant à faire davantage.

Cet excédent, a commenté le ministre allemand des Finances, est largement déterminé par des facteurs extérieurs sur lesquels il ne peut pas vraiment peser comme « le taux de change de l’euro, les prix mondiaux de l’énergie » et le vieillissement de la population allemande.

La France, deuxième économie de l’UE, fait partie des six pays épinglés par la Commission européenne pour « déséquilibres excessifs de son économie », avec la Bulgarie, la Croatie, l’Italie, Chypre et le Portugal.

L’Italie est d’ailleurs critiquée pour sa dette publique –la deuxième plus élevée de toute la zone euro, après la Grèce– et la faible dynamique de sa productivité.

La Commission européenne rappelle à cette occasion au gouvernement italien, comme il s’y est engagé, d’adopter « avant la fin du mois d’avril 2017 » des mesures supplémentaires « à au moins 0,2% du PIB » pour réduire son endettement. « Nous devons faire plus », a convenu le ministre italien de l’Economie, Pier Carlo Padoan, dans un tweet.

« Déséquilibre économique »

Première économie de la zone euro, l’Allemagne, régulièrement montrée du doigt pour ses excédents commerciaux record –notamment fin janvier par la nouvelle administration Trump– fait partie des six pays moindrement critiqués.

La Commission constate pour ces six pays un « déséquilibre économique », mais sans recourir au terme « excessif », comme elle l’a fait pour le premier lot des 6 pays où se trouvaient la France et l’Italie.

Outre l’Allemagne, les cinq autres en « déséquilibre économique », (pour des raisons pas forcément identiques), sont l’Irlande, l’Espagne, les Pays-Bas, la Slovénie et la Suède.

Berlin avait aussi récemment déjà été rappelé à l’ordre, notamment par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE), pour qu’il utilise ses marges budgétaires afin de relancer ses investissements publics et, par ricochet, stimuler l’ensemble de la croissance européenne.

Ironie du sort, l’Allemagne est un élève modèle en matière budgétaire.

Elle est l’un des seuls pays de la zone euro à dégager un excédent public: +0,6% du PIB en 2016, et +0,4% en 2017, selon les derniers chiffres de l’exécutif européen. La France demeure dans le rouge: -3,3% du PIB en 2016 et -2,9% en 2017.

Le reste des 27 pays de l’UE (la Grèce est exclue de ce rapport car elle bénéficie d’un plan d’aide), ne présente pas de déséquilibres économiques, selon l’exécutif européen.

Baptisé « paquet d’hiver », ce rapport de la Commission européenne est censé inciter les pays membres de l’UE, et notamment ceux de la zone euro, à faire converger leurs économies.

Le Quotidien / AFP