La France, l’Allemagne et la Commission européenne ont revendiqué mardi un partenariat plus équilibré entre la Chine et l’Europe, reposant sur la « confiance » et de « réciprocité », et plaidé pour un multilatéralisme « rénové », en l’absence des États-Unis qui font de plus en plus cavalier seul.
Au cours d’un mini-sommet inédit, et sans jamais citer le nom de Donald Trump, Xi Jinping, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Jean-Claude Juncker ont mis en garde contre « les tensions commerciales » dans un contexte d’offensives tous azimuts du président américain, notamment contre les importations chinoises.
« Les frictions internationales continuent à monter et sont de plus en plus marquées par des bras de fer géopolitiques », s’est inquiété Xi Jinping à l’issue de la réunion dans la salle des fêtes de l’Elysée.
Emmanuel Macron avait pris l’initiative de cette rencontre à quatre, qui a duré un peu plus d’une heure à l’Élysée, afin de présenter un front européen uni face à la Chine.
L’UE se sent en effet prise en tenaille entre Donald Trump et son approche contractuelle des relations internationales d’un côté et l’expansion chinoise, incarnée par le projet de « nouvelles routes de la soie » et les investissements massifs un peu partout dans le monde et en Europe en particulier, comme en Italie, le dernier pays en date à s’être laissé séduire.
« Le choix de l’évidence et de la raison au XXIe siècle est dans un partenariat eurochinois fort, défini sur des bases claires, exigeantes et ambitieuses », a déclaré lundi le président français à l’issue d’un entretien avec son homologue chinois, arrivé quelques heures plus tôt à Paris.
« Nous avons des divergences (…) Nul d’entre nous n’est naïf », a-t-il de nouveau souligné mardi, exhortant la Chine à « respecter l’unité de l’Union européenne », quand Pékin est soupçonné de jouer la division des pays européens par sa politique d’investissements. « La coopération rapporte plus que la confrontation », a-t-il insisté.
Le président chinois appelle à surmonter la «méfiance»
Xi Jinping lui a répondu par un appel à surmonter « la méfiance ». « Certes, il y a des points de désaccord, de la compétition mais c’est de la compétition positive (…) Nous sommes en train d’avancer ensemble », a-t-il dit. Le président chinois n’a cependant pas annoncé de mesures concrètes pour rassurer les Européens, notamment sur les « nouvelles routes de la soie ».
C’est « un projet très important » et « nous, les Européens, nous voulons jouer un rôle » mais « cela doit conduire à de la réciprocité et nous avons un peu de mal à la trouver », a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.
« Je voudrais (…) que les entreprises européennes trouvent le même degré d’ouverture que les entreprises chinoises en Europe. Totale », a renchéri le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui présidera le prochain sommet UE-Chine le 9 avril à Bruxelles.
Les quatre dirigeants ont en revanche souligné leurs convergences sur la nécessité d’une « modernisation » de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’arbitre des échanges internationaux à l’utilité contestée par la Maison blanche.
Depuis l’avènement de Donald Trump, Xi Jinping aime à se présenter comme un acteur classique du concert des nations. Le dirigeant communiste s’est même fait applaudir au forum de Davos en 2016 par le gratin du libéralisme économique mondial.
La Chine a investi au moins 145 milliards d’euros en Europe depuis 2010, mais la tendance est au ralentissement, à l’heure où plusieurs États durcissent leurs mesures pour encadrer les acquisitions du géant asiatique.
AFP