En 2015, année de sanglants attentats jihadistes, les faits antimusulmans ont triplé en France et les préjugés antisémites persisté, selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), qui note pourtant dans un rapport publié lundi une nette progression de la tolérance.
Les chiffres du ministère de l’Intérieur sur les faits délictueux (actions et menaces) à caractère raciste, antisémite et antimusulman sont globalement en «hausse conséquente» de 22,4%, de 1.662 en 2014 à 2.034 en 2015, «sommet jamais atteint depuis que ces statistiques sont relevées», note la CNCDH dans ce rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.
«La courbe de tendance de la délinquance apparente à caractère raciste ne cesse ainsi son inquiétante ascension», s’alarme la commission. Dans le détail, les faits antimusulmans ont plus que triplé (+223%): de 133 en 2014, ils sont passés à 429 en 2015. Les infractions antisémites ont elles enregistré un léger recul de 5,1% (de 851 à 808), et les autres actes racistes augmentent de 17,5% (de 678 en 2014 à 797 en 2015).
«Plusieurs indicateurs vont dans le sens d’un reflux de l’antisémitisme en France particulièrement marqué en 2015, comme si la violence des actes à l’encontre des juifs suscitait un réflexe de compassion et de solidarité à leur égard dans l’opinion publique», analyse la CNCDH.
Néanmoins, poursuit-elle, «la persistance de vieux préjugés antisémites et les violences dont ils sont victimes, en valeur absolue, invitent à la prudence». La population juive, qui représente moins de 1% de la population totale, est la cible de 40% des actes racistes commis en France (contre 51%) en 2.014, souligne le rapport.
L’enquête 2016 sur l’état de l’opinion réalisée pour la CNCDH par l’institut de sondage Ipsos, du 4 au 11 janvier auprès d’un échantillon de 1 015 personnes, révèle à ce propos «une résistance de vieux préjugés antisémites, liant les juifs à l’argent, au pouvoir, leur reprochant leur communautarisme et leur attachement à Israël», selon le rapport.
Et pourtant, «l’indice de la tolérance» révélé par cette même enquête «marque en 2015 une nette progression» (+5 points), après quatre années de baisse suivies d’une stabilisation en 2014. Cela «vaut pour l’ensemble des groupes, qui semblent mieux acceptés», constat «pour le moins étonnant».
Pour la CNCDH, il semble que «depuis la récente vague d’attentats, et malgré les discours de certaines personnalités, la société française refuse les amalgames et valorise l’acceptation de l’autre». Mais, dit-elle, «il est «encore trop tôt pour évaluer la pérennité de cette remontée».
Le Quotidien/AFP