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Tribunal de Melun : un avocat tire sur le bâtonnier et se suicide


Capture Google Streetview

Un tribunal de la région parisienne a été jeudi matin le théâtre d’un drame rarissime : un avocat a tiré à plusieurs reprises sur le bâtonnier de Melun, le blessant grièvement, avant de retourner l’arme contre lui.

Touché au moment où il était dans un bureau du tribunal de Melun (sud de Paris), Henrique Vannier, 43 ans, a été hospitalisé dans un état critique et « son pronostic vital n’est plus engagé », a indiqué un procureur-adjoint local, Daniel Atzenhoffer.

La scène s’est passée en début de matinée dans le bureau du bâtonnier, à l’intérieur du tribunal. Le tireur avait rendez-vous avec sa victime qui devait lui notifier sa suspension. De nombreux journalistes étaient présents au tribunal jeudi matin pour un procès d’assises, mais les coups de feu n’ont pas été entendus depuis la salle d’audience, le bureau du bâtonnier étant situé à l’opposé. La présidente de la cour d’assises a suspendu l’audience en évoquant des « événements graves », selon des témoins sur place.

D’après les premiers éléments de l’enquête, l’agresseur, l’avocat Joseph Scipilliti, âgé de 63 ans, s’est rendu vers 9h30 dans les locaux de l’ordre des avocats situé dans les étages du tribunal, où il avait rendez-vous avec le bâtonnier, le représentant des avocats d’une juridiction. « Il a aussitôt brandi une arme de poing et a tiré à trois reprises sur Me Vannier à hauteur du thorax, de l’épaule et de la hanche » avant de se donner la mort, a précisé le procureur adjoint. Les agents de sécurité, qui ne l’ont pas fouillé, « compte tenu de son statut d’auxiliaire de justice », n’ont rien soupçonné.

« Il est arrivé comme tous les matins, les yeux perdus dans le vague. C’est quelqu’un de poli, qui dit bonjour, comme ce matin encore », a raconté l’un de ces agents de sécurité.

« Il faut faire grand bruit »

Joseph Scipilliti, qui a notamment défendu par le passé des collectifs d’extrême droite, nourrissait de vives rancœurs à l’égard de sa victime. Il faisait l’objet de poursuites disciplinaires depuis octobre 2014 en raison de « différents manquements déontologiques, notamment des injures et des menaces verbales et écrites à l’encontre du bâtonnier Vannier », a souligné Daniel Atzenhoffer. Le conseil régional de discipline avait d’ailleurs prononcé à son encontre « en mai 2015 une peine de trois ans d’interdiction d’exercice professionnel ».

L’avocat avait confié son hostilité envers Henrique Vannier dans un « journal » qu’il avait envoyé à plusieurs personnes pendant la nuit, dont des membres du collectif proche de l’extrême droite « Riposte Laïque ». Dans ce document aux airs de pamphlet, Me Scipilliti jugeait sur un ton véhément que l’état de droit en France était « une imposture ». Le bâtonnier Vannier « incarnait à lui seul tout ce que je combattais depuis le début de ma carrière ». « Le suicide seul ne sert à rien. (…) Pour susciter une prise de conscience, il faut faire un grand bruit », promettait-il.

AFP/A.P