Une peine de 18 années de réclusion criminelle a été requise mercredi devant les assises à Versailles à l’encontre d’un pédophile français accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement au moins 66 garçons mineurs au Sri Lanka, en Tunisie et en Égypte, pendant dix ans.
L’accusation a également demandé que l’accusé fasse l’objet d’un suivi socio-judiciaire. Jugé depuis lundi dans ce dossier «hors normes», selon les enquêteurs, le parquet et les associations présentes, Thierry Darantière, 52 ans, a reconnu les faits, sans pouvoir évaluer le nombre de ses victimes ni exclure qu’elles puissent être plus nombreuses. Dans ce dossier, «rien ne sauve, tout accable», a lancé l’avocat général à la cour. «Ces viols, par leur durée, leur fréquence, le cynisme (de l’accusé), le contexte humanitaire, sont hors normes».
Le FBI, la police fédérale américaine, avait repéré cet ancien directeur d’une maison de retraite catholique des Yvelines sur internet en 2011, et la police française l’avait interpellé l’année suivante. Dans les disques durs saisis chez lui, les enquêteurs avaient recensé des milliers de photographies et des centaines de vidéos le mettant en scène avec des mineurs, lors de voyages en Tunisie, en Egypte et au Sri Lanka, où il s’était rendu à de nombreuses reprises après le tsunami de 2004 pour le compte de deux associations humanitaires.
Au total, sur une dizaine d’années, 41 victimes de 6 à 17 ans ont été recensées en Tunisie, 19 au Sri Lanka, et six de 12 à 17 ans en Égypte. Si la Tunisie et l’Égypte avaient coopéré, d’autres victimes auraient sans doute été identifiées, selon les enquêteurs. L’accusé «n’a fait autre chose que de consommer, réduire les enfants au statut d’objet de plaisir (…) et d’objet de vice», «vice dont l’escalade n’a été stoppée que grâce à son interpellation», a lâché l’accusateur. Certains sévices «se rapprochent dangereusement» d’actes de tortures et de barbarie, a-t-il ajouté.
«Cynique», «manipulateur», Thierry Darantière s’est «fabriqué une couverture avec son engagement humanitaire», a estimé l’avocat général. L’accusé a tenté d’expliquer ses actes par une «quête de son orientation sexuelle» sur fond d’homosexualité refoulée dans une famille catholique pratiquante. Argument «absolument irrecevable», a balayé l’accusateur. Thierry Darantière encourt 20 ans de réclusion criminelle. Le verdict doit être rendu dans la journée.
Le Quotidien/AFP