Gilles Muller défie ce mardi soir le 5e joueur mondial, Kei Nishikori. «Cela va être compliqué, mais je n’ai pas peur», glisse un «Mulles» qui se dit à 110%.
Vous l’avez emporté 7-6(1), 6-1 face à Vesely. Mais ce fut tout de même accroché…
Gilles Muller : Je savais que ce serait difficile. Je l’avais affronté sur gazon l’an passé (NDLR : à Nottingham) et cela avait été pratiquement la même rencontre. Cela fait deux ou trois ans qu’il évolue à un bon niveau. Mais je vous avoue que je m’attendais à un match encore plus compliqué que celui qu’on a disputé.
Votre service a très bien marché. Mais que retenez-vous d’autre de positif de ce deuxième tour ?
Comme vous le dites, mon service a, effectivement, plutôt bien fonctionné. Il a permis de me garder dans le match durant le premier set. Je n’étais alors pas dedans, étant assez tendu. Mais je n’ai pas commis l’erreur de retenir mes coups ou de devenir passif. J’ai continué à évoluer de manière agressive, tout en acceptant de faire des fautes. C’est ce qui m’a fait gagner le tie-break de la première manche. Et à partir de ce moment-là, j’ai développé un bon tennis. Je me suis relâché.
Il y a une raison qui explique que vous étiez particulièrement tendu ?
Je restais sur deux défaites de suite : face à Jo-Wilfried Tsonga à Rotterdam puis au 1er tour à Dubai contre Philipp Kohlschreiber. Certes, j’ai peu joué ces derniers temps, mais mon revers aux Émirats arabes unis m’a beaucoup tracassé.
Pourtant, après vous avoir éliminé, Kohlschreiber a été à deux doigts de faire de même avec Andy Murray dans ce tournoi-là (il avait eu 7 balles de match)…
Ce n’est pas le fait d’avoir perdu. C’est surtout la manière qui était en cause. Je n’avais pas été bon. Ce n’était pas digne d’un bon joueur. Et je ne voulais pas retomber dans un cercle vicieux. Ce n’est pas toujours facile quand on rentre de la tournée australienne fin janvier de trouver le bon mix entre retrouver de la fraîcheur et reprendre des entraînements costauds. L’an passé, j’avais repris trop vite de manière trop dure. Résultat, j’avais eu un gros trou juste derrière. Et ici, au contraire, j’ai peut-être évolué de manière un peu trop relâchée. Si j’étais fatigué au bout d’une heure d’entraînement, je m’arrêtais, histoire de ne pas aller trop loin. Du coup, en compétition, j’étais peut-être à 99 ou 98% de mes moyens. Et ces petits pour cent peuvent faire une grande différence au plus haut niveau. Je n’ai donc rien laissé au hasard et j’ai remis les bouchées doubles. Si j’étais épuisé, j’en remettais quand même encore une couche. Et aujourd’hui, je me sens bien. À 100, voire 110% !
Donc en bonne forme pour défier Kei Nishikori, le 5e joueur mondial et 4e tête de série à Indian Wells. Vous ne l’avez jamais battu en trois confrontations…
C’est un des meilleurs et un des favoris ici. Maintenant, je pense avoir montré que je pouvais réussir quelque chose face à lui (NDLR : il a perdu à deux reprises en trois sets, dont une fois au jeu décisif). Cela va être compliqué mais je n’ai pas peur.
On se souvient qu’en octobre dernier, en demi-finale à Bâle, vous aviez obtenu une balle de match contre lui, avant de perdre finalement. Cela doit vous laisser un goût amer…
Je vous avoue que je n’y pense plus trop. L’image que j’en garde, c’est l’après-match qui avait été très dur. J’avais été à un point de battre un top 5, d’atteindre la finale d’un ATP 500 et d’obtenir assez de points pour être tête de série à l’Open d’Australie. Cela fait beaucoup. Après, je sais qu’il se souvient de ce match et du fait qu’il est passé par le chas de l’aiguille. De mon côté, j’ai pu noter que je n’avais pas forcément besoin de jouer un grand tennis pour avoir une chance de le battre. Car ce jour-là, si j’ai fait un bon match, je n’ai pas non plus surjoué.
Nishikori s’est préparé pour cette tournée américaine sur dur en jouant sur terre battue en Amérique du Sud (finale à Buenos Aires et élimination pour son entrée en lice à Rio). Votre avis ?
Il n’est pas le seul. D’autres ont également pris cette option. C’est une des possibilités après l’Australie. Maintenant, s’il le fait, ce n’est sans doute pas uniquement par envie d’évoluer sur terre battue. Cela devait aussi être intéressant à d’autres niveaux (NDLR : notamment financiers). Mais je sais qu’il est largement prêt à en découdre sur dur.
Entretien avec Julien Carette