Après une angoissante chasse à l’homme, Strasbourg retrouvait vendredi une « vie normale » avec la réouverture de son marché de Noël, fermé depuis l’équipée meurtrière de Chérif Chekatt, abattu jeudi soir par la police.
Depuis l’attentat, qui a fait trois morts et 13 blessés mardi soir, le marché emblématique de la capitale alsacienne gardait les volets de ses chalets clos. Tout a rouvert vendredi à partir de 11h, encadré par une présence militaire et policière toujours forte. « Ce marché de Noël, c’est notre histoire, c’est notre commun qui appartient à tous les Français », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, allé à la rencontre des commerçants et des Strasbourgeois. « J’ai entendu du soulagement, du bonheur, de la fierté pour nos forces de police », a énuméré le ministre, disant avoir « voulu montrer que toujours nous savons redresser la tête ».
La mort de Chérif Chekatt, après 48 heures de traque, libère d’une « épée de Damoclès » les Strasbourgeois et les nombreux touristes qui déambulent habituellement parmi les 300 chalets du marché, a dit le maire de Strasbourg Roland Ries. Cela « facilitera le retour à une vie normale ». En fin de matinée, les effluves de vin chaud et de cannelle emplissaient les allées, et les commerçants vendaient à nouveau « bredele » et souvenirs de Noël.
Ambiance « pesante »
Des sacs accrochés à son vélo, Cécile, 44 ans, s’est dite « contente que la vie reprenne. Cette traque était pesante ». Jean-Louis Hubert, qui vend des bonnets de Père Noël et des décorations, a dit « être content de rouvrir. Espérons que les gens reviennent, qu’il n’y aura pas de psychose ». Sur la place Kléber, l’immense sapin de Noël de 30 mètres de haut était à nouveau illuminé, tandis qu’au pied de la statue centrale des anonymes déposaient toujours bougies, fleurs ou mots d’hommage aux victimes.
Venu à Strasbourg, le procureur de Paris, Rémy Heitz a indiqué vendredi que deux personnes de l’entourage de l’assaillant avaient été placées en garde à vue la nuit dernière, portant le total à sept personnes en garde à vue. « L’enquête va désormais se poursuivre pour identifier d’éventuels complices ou coauteurs susceptibles de l’avoir aidé ou encouragé dans la préparation de son passage à l’acte », a-t-il ajouté.
L’attentat a causé la mort de trois personnes et une quatrième est en état de mort cérébrale. Parmi les douze blessés, une personne est en urgence absolue dans un état critique et quatre autres sont toujours hospitalisées, a détaillé le procureur.
LQ/AFP
Revendication « opportuniste » de Daech
Chérif Chekatt a été tué par des policiers au pied d’un immeuble du quartier du Neudorf, au sud du centre-ville, là même où sa trace s’était perdue après l’attentat. La police à Strasbourg a reçu quelque 800 appels après la diffusion mercredi soir d’un appel à témoins. Selon une source proche de l’enquête, une femme avait vu jeudi après-midi un homme ressemblant au fugitif, blessé au bras. Des traces de sang et des images vidéo ont permis aux policiers d’acquérir la certitude qu’il s’agissait bien de lui.
« C’est une patrouille de police qui a remarqué à 21h, marchant rue du Lazaret, un homme, un individu, dont le signalement pouvait correspondre à l’auteur des faits », a rapporté Rémy Heitz. « Celui-ci, qui a détecté la présence du véhicule de police, (…) a alors fait mine de rentrer dans l’immeuble au numéro 74 de cette rue », sans succès. Les policiers se sont alors signalés et « l’individu s’est retourné pointant son arme – semblable à celle utilisée mardi soir – dans leur direction, pour tirer », selon le procureur. « Un projectile a atteint le véhicule de la police au-dessus de la portière arrière gauche. Deux des trois policiers ont alors riposté », tuant l’auteur.
« Les enquêteurs ont saisi sur lui un revolver ancien chargé de six munitions dont cinq étaient percutées. Ils ont par ailleurs retrouvé sur lui un couteau et huit autres munitions de calibre 8mm dans la poche intérieure de sa parka ». L’homme « faisait partie des soldats » de Daech, affirmé son média de propagande, cité par le groupe de surveillance des réseaux extrémistes SITE. Une revendication « totalement opportuniste », a estimé vendredi le ministre de l’Intérieur.