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Stades de foot : c’est fou ce que la DN construit ! [dossier]


Le club du FC Differdange a quitté son vieux Thillenberg en 2012 pour s'installer à Oberkorn, un complexe de trois terrains, doté d'une énorme tribune de 2500 places avec un parking. Coût : 22,6 millions d'euros.

Entre rénovations et constructions de stades, la décennie qui vient de s’écouler a vu les communes investir 58,6 millions d’euros dans les clubs de Division nationale. Le paysage du foot change. Nous avons retrouvé trace des investissements des dix dernières années.

Alors que le Parc des Sports d’Oberkorn est sorti de terre en 2012, que l’Um Dribbel de Bascharage est lui actif depuis 2011, Rumelange vient d’inaugurer une nouvelle tribune et Wiltz de prendre ses quartiers à Weidingen. Il est de plus en plus loin le temps des champs de patates et des vieux stades décrépis. Construction de buvettes flambant neuves, investissements dans les structures pour la formation: la DN a englouti plus de 58millions d’euros depuis 2005 pour grandir. Et ce n’est pas fini!

Hamm attend du neuf pour 2017. Le Fola et le RFCU travaillent un peu dans leurs coins pour perfectionner leurs installations. Hamm devrait avoir un nouveau stade d’ici deux ans. Bref, la Division nationale change.

Nous sommes allés à la rencontre des clubs et de leurs communes pour collecter les chiffres des investissements majeurs de la dernière décennie, voire éventuellement de ceux à venir, visant à améliorer la vie des 14 clubs de l’élite actuelle, mais aussi les trois qui l’ont quittée la saison passée : Hostert, Canach et Käerjeng, les deux derniers étant bien partis pour la retrouver en fin de saison.

Résultat, derrière cette magnifique locomotive qu’est le Parc des Sports d’Oberkorn, une vraie réussite, les autres stades évoluent lentement mais sûrement. La seule réfection des buvettes a des répercussions réelles sur la vie des clubs qui en sont bénéficiaires, avec de substantielles rentrées d’argent supplémentaires. « Je ne saurais pas chiffrer », avoue Gérard Jeitz, président de l’USR. 20 à 30 % de recettes en plus. « C’est à peu près ça oui. »

Et alors que s’annonce la révolution marketing du championnat, on n’est sûrement pas au bout du processus de transformation…

Dossier : Julien Mollereau

Parc des sports d'Oberkorn. Coût : 22,6 millions.

Parc des sports d’Oberkorn. Coût : 22,6 millions.

Tour des clubs : qui a reçu quoi, et pour combien ces 10 dernières années ?

1) DIFFERDANGE: 22,6 millions

Le club a quitté son vieux Thillenberg en 2012 pour s’installer à Oberkorn, un complexe de trois terrains, doté d’une énorme tribune de 2  500  places avec un parking.

2) KÄERJENG: 8,5 millions

En quittant son vieux Um Bechel pour le tout neuf Um Dribbel, l’UNK savait qu’il partageait les installations avec le club de hand local, dont la salle est située dans le nouveau stade. Mais si l’on peut considérer qu’une partie significative de ces 8,5  millions est en fait liée au versant hand du projet, le club utilise la buvette, possède deux terrains et une tribune digne de ce nom, malgré les détracteurs qu’elle peut avoir.

Stade Um Dribbel à Bascharage. Coût : 8,5 millions d'euros.

Stade Um Dribbel à Bascharage. Investissement : 8,5 millions d’euros.

3) FC WILTZ: 5,1  millions

Son changement du Am Géitzt au Um Pëtz a coûté l’équivalent de 3,4  millions pour les trois terrains et 1,7  million pour les gradins et blocs vestiaires.

Stade Um Pëtz de Weidingen. Coût : 5,1 millions.

Stade Um Pëtz de Weidingen. Investissement : 5,1 millions.

4) JEUNESSE: +/- 5 millions

Des investissements non visibles pour les spectateurs, mais ô combien importants  : c’est ce que la commune a mis pour le superbe complexe d’entraînement de la Hiehl. Terrains et blocs vestiaires compris.

5) MONDORF:  4,1 millions

C’est ce qu’a coûté le stade John-Grün, à raison d’1,5  million pour la tribune et les vestiaires, 1,1  million pour les terrains, 1  million d’aménagements divers, 90  000  euros d’éclairage et de signalétique. Récemment, le synthétique a été renouvelé pour 435  000  euros.

6) RUMELANGE: 3,9 millions

Autour de son éternelle petite tribune, le visage du stade municipal a changé  : clôturage en règle et réfection de l’horrible terrain annexe (1,3  million), superbe buvette installée dans la tribune principale plus réalisation de gradins couverts en vis-à-vis (environ 2  millions) et nouvelle pelouse pour le terrain d’honneur, enfin digne de l’élite (600  000  euros).

Stade municipal de Rumelange. Coût : 3,9 millions.

Stade municipal de Rumelange. Investissement : 3,9 millions.

7) ETZELLA: 3,8 millions

Il y a pile dix  ans, le Deich héritait d’une jolie buvette panoramique pour 1,7  million. Depuis sont venus s’ajouter la rénovation des vestiaires (1,515  million), des gradins et une petite buvette pour l’un des terrains secondaires (150  000  euros), une pelouse semi-synthétique pour le terrain d’honneur (368  000  euros) et un nouvel éclairage (65  euros).

8) F91 DUDELANGE: 3,5 millions

Là aussi, aucune amélioration majeure au stade Jos-Nosbaum, hormis 50  000  euros affectés à l’éclairage. Tout est allé au stade Meyer, là où s’entraînent les équipes du club  : 1,8  million pour la modernisation de l’outil et un autre 1,8  million pour un troisième terrain synthétique et un nouveau bloc vestiaires pour les jeunes.

9) FOLA ESCH: 3 millions

Fini le terrain infesté par les vers de terre. Il a été changé pour 350  000  euros. Un nouveau bloc vestiaires vient de voir le jour derrière la tribune pour 400  000  euros. S’y ajoute le 1,3  million déjà dépensé par la commune pour construire le précédent bloc et l’on imputera au Fola la moitié du 1,6  million déboursé pour le synthétique de Lallange, que le club doyen partage avec l’US Esch.

10) CSG: 2,5 millions

Pour ce montant, Grevenmacher s’est offert un synthétique (800  000  euros) et a rajouté du bâti à sa vieille tribune, avec bloc vestiaires, salle de réunion, garage à matériel et… énorme buvette bien sûr.

11) PROGRÈS: 2 millions

Au stade Jos-Haupert, la commune a mis de l’argent dans un parking (265  000  euros), les vestiaires (75  000  euros) et un synthétique et tout ce qui va avec en termes de capacité d’entraînement (1,74  million).

12) STRASSEN: 1,6 million

O.  K., le résultat n’est pas spectaculaire, mais au moins, Strassen ne manque de rien  : entre son terrain synthétique, sa buvette en contrebas du terrain, une mini-tribune qui a le mérite d’exister, une nouvelle tribune de presse et le clôturage. En dix ans, l’UNA a avancé.

13) ROSPORT: 1,53 million

Son centre de Rallingen lui a coûté 1  million (plus 80  000  euros de synthétique). La réfection de son bloc vestiaires et l’agrandissement de la buvette, 450 000 euros.

14) CANACH: 950 000 euros

Il y a eu un éclairage à 200  000 euros et un synthétique à 750  000  euros.

15) HOSTERT: 200 000 euros… au moins

Malgré nos appels incessants, la commune de Hostert n’a pas souhaité nous communiquer les chiffres liés à la réfection de tribune (et l’ajout d’une buvette) au stade Jos-Becker, en outre doté d’un synthétique et d’un tunnel pour y accéder. Reste le changement de pelouse, tout frais, pour 200 000  euros.

16-17) HAMM/RFCU

Un chauffage au sol au Cents, un enrobé au Achille-Hammerel. Légères les modifs récentes dans la capitale.

Les projets dans les cartons

AU RFCU

Un centre d’entraînement en projet Le club l’a confirmé tout récemment : la commune va débloquer une enveloppe de 6,5 millions pour lancer un projet de centre de formation pour ses jeunes, qui sont au nombre de plus de 300. En outre, le club travaille dans son coin à l’optimisation marketing du stade Achille-Hammerel avec de nouveaux panneaux publicitaires à LED (une première au pays) et l’installation prochaine d’un écran géant. Avec la commune? Non, avec des sponsors.

À HAMM

Un tout nouveau complexe Le RM Hamm Benfica aura exactement le même budget que son voisin pour déménager du côté de Hamm et débarrasser le terrain au Cents, où ses installations sont plus que vétustes et où, hormis une réfection du chauffage et la création d’une tribune plus que modeste, la commune n’a jamais réellement investi ces dix dernières années. Il aura donc un nouveau terrain, un bloc vestiaire et une vraie tribune sur des installations déjà existantes mais à retaper de fond en comble. « J’espère qu’on y sera en 2017 », hasarde Nico Zinsmeister.

À STRASSEN

Des vestiaires sous la tribune Strassen grandit à une vitesse dingue. Le président Hilger n’a d’ailleurs pas caché qu’il attendait beaucoup d’un projet d’agrandissement de la tribune « avec vestiaires et débit de boisson intégré ». Si la question a selon lui été posée en conseil échevinal, le projet pourrait coûter plus d’un million d’euros. « Mais il faudrait que cela vienne le plus vite possible. Ça nous aiderait bien. » C’est que l’UNA, porté par un fantastique début de saison et qui a reçu nombre de gros bras, possède la 5 e affluence moyenne de l’élite avec 491 spectateurs de moyenne.

À DUDELANGE

Un nouveau bâtiment, mais pas de toit À la commune, on évoque un projet à l’étude pour un coût total avoisinant les 1,5 million d’euros. Il concernerait un bâtiment supplémentaire à implanter au stade Jos-Nosbaum, avec potentiellement une buvette. En attendant de savoir si cela se fera, le F91 a pris acte qu’il serait architecturalement très difficile de doter sa tribune de face, exposée aux quatre vents, d’un toit. Trop compliqué, a priori.

À CANACH

Enfin des gradins? La priorité absolue du côté du leader de PH, ce n’est pas de transformer son «Terrain de la rue de Lenningen» en «stade de la rue de Lenningen». S’il n’a actuellement qu’une main courante et une minuscule bute de terre, la rénovation de son bloc vestiaires est LA priorité. Mais au club, on ne fait pas mystère qu’on parle de plus en plus fréquemment d’installer des gradins, ce qui serait un minimum pour un club ayant passé quatre des cinq dernières saisons en Division nationale.

AU FOLA

Une installation «européenne» L’objectif du club, pour 2016, est de pouvoir jouer l’Europe au Galgenberg. Pour cela, il lui faudra mettre son éclairage aux normes, installer des gradins avec sièges sur la bute de terre située en face de sa tribune, créer un espace VIP (qui pourra aussi accueillir la presse le cas échéant) entre sa tribune et son espace de bureaux. Et il va le faire de façon maligne : si la commune pourrait mettre le matériel à disposition (pour environ 150 000 euros), des sponsors du club mettraient la main à la poche pour le bâti.

Et le nouveau stade à Esch dans tout ça ?

Tout, absolument tout, était prêt et en capacité de démarrer assez vite après plusieurs années de prospections et études diverses sur le terrain de la lentille Terre-Rouge. Et puis tout a bloqué sur la prise en charge de la décontamination du site. Fini ce projet de 3 000 à 4 000 places qui devait héberger la Vieille Dame mais aussi le Fola? Encore tout récemment, la commune, par l’intermédiaire de Henri Hinterscheid, son échevin aux sports, laissait entendre qu’un nouvel investisseur s’intéresserait à l’affaire.

En attendant, on est loin, très loin, de voir un nouveau stade sortir de terre à Esch et le Fola a pris les devants en se faisant bâtir une extension de bureaux et vestiaires derrière sa tribune, en attendant d’œuvrer sur la partie plus visible aux spectateurs. En vue de pouvoir accueillir des matches de Coupe d’Europe la saison prochaine, le club doyen envisage de revoir son éclairage, d’opérer un lifting de la tribune principale (en agrandissant notamment la tribune de presse) et d’augmenter de trois rangées la «tribune» de face (oui, oui, on parle bien des deux rangées de béton installées en contrebas de la bute de terre) en y installant des sièges.

La Jeunesse, elle, n’a pour l’heure rien en projet. La commune vient de payer 50 000 euros pour resécuriser le haut de la tribune découverte.

«Ce ne sont jamais de vrais spécialistes qui s’y collent»

Le thème des infrastructures des clubs de DN est un des vieux chevaux de bataille du président dudelangeois, Romain Schumacher, que la question taraude depuis assez longtemps.

Romain Schumacher, président du F91 Dudelange.

Romain Schumacher, président du F91 Dudelange.

Le Quotidien : Depuis 10 ans, le paysage de la Division nationale a radicalement changé et on constate actuellement une accélération assez nette. Vous aussi, qui vous êtes souvent désespéré de voir le pays stagner dans ce domaine?

Romain Schumacher : C’est un sujet qui me tracasse d’autant plus qu’à chaque fois qu’on en construit, les infrastructures sont peu souvent adaptées aux besoins. Par exemple, Differdange, c’est très, très bien fait. Mais ce n’est pas un stade, c’est une tribune.

Ça, c’est pinailler.

Non, pas tant que ça. Pourquoi les joueurs de toute la DN aiment-ils venir jouer à la Frontière ou à Dudelange? Parce que ce sont des stades fermés. Avec deux tribunes qui se font face et que ça change tout. Cela donne un autre son, une autre ambiance. C’est une autre approche du match aussi. Le tout, c’est de donner l’illusion que c’est fermé. Regardez ce qu’a fait Rumelange  : c’est une très bonne idée. Ils ont mis, avec les moyens du bord, une petite tribune avec un toit en vis-à-vis de la tribune, et d’immenses panneaux derrière les buts. L’effet est très bon et je l’ai dit au président de Rumelange, Gérard Jeitz. Il a fait un très bon boulot.

Tout est affaire d’illusion?

Non, sans mettre d’autres tribunes à la même hauteur, Differdange aurait pu peut-être rehausser un peu son gradin de face. Ce qui ne l’empêche pas d’être une belle réussite. Même si, pour en avoir discuté avec un architecte, les techniques utilisées là-bas ne sont pas les plus récentes. Et puis certains stades, comme Käerjeng, sont beaux, d’accord, mais pas fonctionnels. Ce n’est pas un stade de foot. Oui, il a une belle buvette, mais bon…

Quel est le problème?

J’ai l’impression qu’on ne sait pas trouver d’architecte spécialisé pour construire nos stades. Je me demande même si nous en avons ici, au pays. Après, est-ce dû aux dimensions de nos enceintes…

A priori, le problème ne se posera pas pour le stade national.

J’ai lu à ce sujet une interview surprenante de l’architecte allemand qui va réaliser ce stade et qui en a bâti plusieurs en Afrique du Sud et au Brésil. Il disait que le plus important pour lui, c’était la façade –  il répète « la façade! »  – et que son problème est qu’il n’est pas habitué à bâtir d’aussi petites enceintes de 10  000 places. Mais alors pourquoi le fait-il? Et puis il redisait que cela coûterait 4  000 euros la place. Celui de Livange (NDLR  : le projet initial de grand stade national, depuis mis aux oubliettes après l’opposition des écologistes), c’était 1  000 euros le siège. Je me demande d’ailleurs pourquoi le fait qu’on puisse éventuellement couvrir ce stade n’est aussi jamais arrivé dans les discussions. Voilà, j’ai l’impression qu’à chaque fois qu’on construit, ici, ce ne sont jamais de vrais spécialistes qui s’y collent.

Y a-t-il vraiment moyen de faire autrement?

J’ai vu aux Féroé un petit stade qui, à mon avis, en termes d’investissement, a été bâti de façon tout à fait primaire  : deux blocs bétons qui se font face et deux toitures plastique. Rien de plus simple.

La BGL Ligue change, lentement

Alors que l’État dépense en moyenne entre 20 et 25 millions d’euros pour des équipements sportifs dans le cadre des plans quinquennaux, la BGL Ligue a, elle, fait évoluer ses équipements à une moyenne de 6 millions d’euros par an. On peut toujours estimer que c’est globalement peu au regard de ce que brasse ce sport aux 37 000 licenciés, mais le football luxembourgeois fait encore trop peu de cas de son élite pour que l’on s’en étonne.

D’ailleurs, hormis le Parc des Sports d’Oberkorn qui témoignait d’une véritable ambition, les clubs en sont souvent réduits au rafistolage ou, au mieux, à la rénovation plus ou moins réussie. Dudelange voulait une nouvelle enceinte, on lui a dit non. Esch continuera encore longtemps avec ses vieux stades. Et d’autres places fortes n’ont tout simplement pas la masse critique pour se permettre un projet démesuré. Bref, la BGL Ligue change, mais lentement.

Julien Mollereau

Un commentaire

  1. Je suis tout à fait d’accord avec le président du F91; le stade de Differdange aurait pu etre beaucoup mieux s ‘ils auraient fermé le tout avec d’autres tribunes; 1) ça aurait été un stade avec une ambiance, capable d’acceuilir des rencontres internationales (et pas seulement des match amicaux comme face à la Grèce) 2)les sièges auraient du etre de la couleur du club, en question rouge et noir, pour donner une identité à cette enceinte 3)effectivement, en face une autre tribune aurait pu etre amenagé. Les stades de la Jeunesse et du F91 sont les meilleurs, mais trop vetustes, surtout celui du F91 devrait etre complètement remodernisé, tout comme celui de la Jeunesse, car avec Becca, je ne pense pas que les moyens financiers manquent? En fin de comptes, seulement le Fola a des ambitions d’investir dans ses infrastructures! Pour parler de Strassen, je ne sais pas si vous avez idée de ce qu’à couté la buvette du club? Des millions, beaucoup plus de ce qu’elle aurait du, mais comme d’habitude, les résponsables se lavent les mains..