La pression internationale provoquée par les flots de révélations des « Panama Papers » a poussé le président panaméen à afficher sa volonté de négocier pour tenter de restaurer l’image du pays.
« Je lance un appel aux pays de l’OCDE pour qu’ils reviennent à la table de négociation, que nous cherchions un accord, et qu’on n’utilise pas le contexte actuel pour écorner l’image du Panama, parce que cela, nous n’allons pas l’accepter », a déclaré mercredi soir le président Juan Carlos Varela. Depuis dimanche soir et les premières révélations des journaux membres du consortium d’investigation Icij, le Panama est cloué au pilori à cause de sa législation accommodante pour les montages fiscaux offshore et son attitude à contre-courant de la tendance mondiale vers la transparence fiscale.
De nombreux acteurs de la communauté internationale, dont la France, se sont saisis du scandale pour réclamer des changements. Le Panama est notamment critiqué pour avoir refusé d’appliquer un nouveau standard quasi-mondial : l’échange automatique d’informations fiscales entre pays, mis récemment en place sous l’impulsion de l’OCDE, l’institution qui pilote ce dossier. « S’il y a des améliorations dans la manière dont ces mécanismes sont appliqués, je suis prêt à les appliquer », a déclaré le président, soucieux d’éviter à son pays de figurer sur une éventuelle « liste noire ».
Le Panama retourne trop souvent sa veste
« Malheureusement le Panama est un peu trop habitué à faire des allers-retours, à faire le gentil, puis à faire le méchant. Ceci ne peut plus durer », a déclaré mercredi le ministre français des Finances Michel Sapin. Concrètement, le Panama avait annoncé aux instances de l’OCDE qu’il allait appliquer l’échange automatique d’informations fiscales, avant de se rétracter.
« Lors d’une réunion du Forum mondial à la Barbade l’an dernier, le Panama a dit qu’il procéderait à l’échange d’information. Comme par hasard, c’était avant la présentation de notre rapport » au sommet du G20 à Antalya en novembre, rappelle Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE, la cheville ouvrière des travaux. « Juste après, les autorités ont dit qu’elles n’appliqueraient pas les standards de l’OCDE. Elles nous ont dit que nous n’étions pas légitimes », ajoute-t-il, précisant que l’OCDE avait donc épinglé le Panama lors de la réunion des ministres des Finances du G20 de février à Shanghai.
Le G20, cette assemblée des pays les plus puissants du monde, a mandaté l’OCDE et suit ses recommandations en matières fiscales, donnant ainsi l’impulsion nécessaire pour que les autres pays embrayent derrière. Le scandale des « Panama Papers » sera au menu d’une nouvelle réunion des ministres des Finances du G20 la semaine prochaine à Washington, en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.