Le Parlement européen va déclencher les retenues sur le salaire de Marine Le Pen à partir de février pour procéder au recouvrement de sommes liées à l’emploi d’une assistante parlementaire jugées indues, a-t-on appris mercredi de source parlementaire à Bruxelles.
Mardi soir, à quelques heures de son échéance fixée au 31 janvier, la candidate du Front national à la Présidentielle française a rejeté la demande de recouvrement portant sur environ 298 400 euros.
Le Parlement européen, qui s’appuie sur une enquête de l’organisme antifraude de l’UE, considère que le salaire de Catherine Griset, embauchée comme assistante parlementaire pour le mandat européen de Marine Le Pen entre 2010 et 2016, n’était pas justifiée car elle aurait travaillé uniquement pour le Front national en France. Les salaires des eurodéputés étant payés le 15 du mois, l’amputation de moitié de la paye de Marine Le Pen devrait commencer mi-février, a précisé cette source parlementaire à Bruxelles.
Une lettre du comptable du Parlement lui sera envoyée pour lui signaler. Pour le recouvrement des sommes réclamées, le Parlement effectue une retenue de 50% du salaire, 100% des indemnités de frais généraux et 50% des indemnités journalières. Les indemnités ayant déjà été versées pour février, les retenues commenceront en mars, selon la source. Au total, le Parlement pourrait recouvrer plus de 8 000 euros par mois.
« Marine Le Pen semble se considérer au-dessus des règles »
La source souligne qu’il ne s’agit pas de « sanction » mais d’un remboursement, ajoutant que la procédure a été suivie à la lettre dans le dossier. Marine Le Pen ou ses représentants ont eu « de nombreuses occasions » de s’expliquer. Outre Mme Griset, les sommes perçues pour rémunérer également comme assistant Thierry Légier, son garde du corps, font aussi l’objet d’une procédure de recouvrement, qui devrait débuter ultérieurement, pour un montant de plus de 41 500 euros.
Interrogée mardi, la présidente du FN avait répondu : « Pour rembourser, il faudrait que je les ai perçues (ces sommes), mais je ne m’appelle pas François Fillon », lui-même faisant l’objet d’une enquête sur des soupçons d’emplois fictifs concernant son épouse Penelope, employée comme assistante parlementaire. « Ce combat mené contre nous par le Parlement européen est un combat politique », a dénoncé Marine Le Pen. Catherine Griset « a tout démontré, qu’elle était logée chez un autre assistant parlementaire, qu’elle badgeait, qu’elle s’était enregistrée auprès du fisc, elle a démontré l’intégralité de cela (…). Elle était aussi à Bruxelles, elle était aussi en France quand je le décidais, car c’est moi qui décide où mener le combat contre l’Union européenne », s’est justifiée la candidate à la Présidentielle.
Le chef de file du principal parti représenté au Parlement européen, le PPE (droite), Manfred Weber, a dénoncé mercredi des accusations « scandaleuses et infondées » portées par Marine Le Pen contre l’institution. « Le règlement du Parlement européen relatif au statut et à la rémunération des collaborateurs s’applique à l’ensemble des 751 députés européens siégeant au Parlement européen, sans exception. Mais Marine Le Pen semble se considérer au-dessus des règles. Cela montre la vraie nature du Front National », a-t-il accusé dans un communiqué.
Le Quotidien/AFP