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[Sélection nationale] Luc Holtz sur la route de Dick Advocaat


(Photo : AFP)

Dick Advocaat, qui a entraîné dans dix pays et six sélections nationales différentes, va reprendre du service le jour même de la venue des Roud Léiwen. Un monument face à Luc Holtz…

Advocaat est dans le foot depuis 51 ans et entraîneur depuis 33. À 70 printemps, il avait annoncé sa retraite pour cet été, une fois que le championnat turc serait fini et qu’il serait libéré par son club de Fenerbahçe. Et finalement non : il a accepté de tenter de sauver la peau des Oranje, très mal embarqués dans ces éliminatoires du Mondial-2018. C’est à son incroyable expérience que va devoir se frotter le Luxembourg, vendredi, à Rotterdam.

Ça n’impressionne pas Luc Holtz. Ni ne lui fait peur d’ailleurs. Son problème est ailleurs : «C’est que quand il y a un nouvel entraîneur, c’est toujours plus difficile d’effectuer une analyse. Quel système va-t-il utiliser, où mettra-t-il sa petite touche personnelle, avec quel nouveau joueur? Tout est plus difficile à prévoir.» Affronter ce genre de monstre sacré, c’est un petit challenge personnel quand même, non? «Aucunement! Je préfère rencontrer des gens avec lesquels je peux avoir des conversations. Comme Didier Deschamps récemment. Advocaat, son surnom de « Petit Général » n’est déjà pas très engageant.» Peut-être, mais ce n’est pas le genre de sobriquet qu’on refuse. Après tout, il en a hérité en prenant la suite du fameux Rinus Michels, l’inventeur du football total incarné par Johan Cruyff, dont il a été l’adjoint au début de sa carrière. Difficile de s’exempter de ce genre de figure tutélaire et Dick, qui n’a alors que 37 ans, en garde le sens de l’autorité chevillé au corps. Michels était dictatorial et surnommé «Le Général». Advocaat, dont le nom n’entrera peut-être jamais autant dans les manuels d’histoire du football, se contentera donc du «Petit Général» et y fera honneur tout au long de sa carrière.

Il pèse deux demi-finales à l’Euro

Elle est longue, il a donc dû en écœurer, du footballeur récalcitrant. Pourtant, ses succès sont nombreux et le sélectionneur qui se dressera devant Luc Holtz au Kuip, avec pour mission suicide de se qualifier pour le Mondial-2018, a déjà vécu des duels autrement plus fous. Notamment deux demi-finales d’Euro. L’une en 1992, en tant qu’adjoint, éliminé aux tirs au but par le futur vainqueur de l’épreuve, le Danemark.

L’autre en 2004, cette fois comme entraîneur principal, avec une défaite contre l’hôte portugais (1-2). Et puis il y a aussi dans sa boîte à souvenirs un quart de finale de Mondial, lors de l’épreuve américaine, et une élimination contre le Brésil (3-2), qui remportera le trophée quelques jours plus tard. Advocaat ne sera pas qu’un éternel loser magnifique dans les grandes compétitions internationales puisque après avoir éliminé successivement l’Olympique Marseille, le Bayer Leverkusen et le Bayern Munich (sacré parcours), son Zénit Saint-Pétersbourg remporte la Coupe de l’UEFA en 2008 en venant à bout des Glasgow Rangers 2-0 en finale.

Il abandonne ses salaires à la Serbie

Mais heureusement, on ne mesure pas la carrière d’un homme à ses seules réussites ou échecs sportifs. Et Advocaat, de ce point de vue-là, nous a donné de la matière.

C’est lui qui a planté, unilatéralement et «avec effet immédiat» la Belgique (qui venait gentiment de lui donner le droit de coacher en même temps l’AZ Alkmaar) en 2010 pour prendre en main la Russie, arguant que «le défi sportif est plus intéressant». C’est lui qui, en 2014, est aux manettes de la Serbie lors du fameux match contre l’Albanie survolé par un drone portant le drapeau de la Grande Albanie, qui provoquera des bagarres à répétition et l’annulation de la rencontre. Il démissionnera vu l’ambiance lourde de lynchages médiatique et administratif, non sans avoir cédé plusieurs mois de salaire à la fédération serbe pour ne pas la plomber davantage financièrement.

Deux histoires qui en disent peut-être plus long sur lui que sur un style que beaucoup de gens peineraient sûrement à identifier. Mais sa carrière, qui pourrait bien s’achever après les éliminatoires ou au Mondial, prendrait une épaisseur supplémentaire s’il parvenait à sortir les Oranje de l’ornière. Là où tout a commencé pour lui, alors que Luc Holtz avait 15 ans…

Julien Mollereau