Aurélien Joachim ne parvient toujours pas à s’imposer à Burton Albion. Et pense que ses performances en sélection ne l’aident même pas à séduire son coach, Jimmy Floyd Hasselbaink.
Ça commence comme un pitch de film qui dérape : Aurélien Joachim a tout pour être heureux. «Ma copine, mon chien, une belle petite maison…» Et pourtant…
Pourtant son sourire n’est pas franc. Il y a deux choses qui le tracassent. Il aimerait bien savoir, déjà, pourquoi diable les Anglais collent de la moquette partout dans leurs satanées baraques («Toutes celles qu’on a visitées avaient ça, leur carpet…») et que la sienne est tapissée de A à Z à l’exception de la cuisine et de la salle de bains. Et puis, optionnellement, s’il pouvait comprendre pourquoi il n’a eu droit en tout et pour tout qu’à une seule titularisation depuis son arrivée, ça l’aiderait aussi.
«Le coach me dit de ne pas être frustré, d’être patient.» On voit, à sa mine, qu’il a du mal à suivre le conseil. «C’est long… Je n’aime pas trop en parler. Après l’Espagne et la Slovaquie, je me sentais bien. J’aurais aimé pouvoir enchaîner en club.» Las, il est reparti après ces deux derniers matches de la campagne des éliminatoires de l’Euro-2016 sur le même rythme imbuvable de tout le début de la saison : banquette et, de-ci de-là, quelques entrées en jeu quand la situation sent le moisi, que Burton est mené. «Et entrer en jeu en League One dans ces conditions, c’est tout sauf un cadeau. Sur le terrain, ce n’est plus du football, c’est la guerre.»
Les Français, qui ont une longue tradition d’amour avec l’Angleterre appellent l’endroit la perfide Albion dès qu’ils ont quelque chose à lui reprocher. Joachim commence à mesurer l’ampleur de l’expression. «En football, tout va très vite. Tout peut basculer en un match, mais pour ça… il faut être sur le terrain.» Joachim y a cru, il n’y a pas si longtemps, au moment où le titulaire, Stuart Beavon, s’est blessé. Quelques jours plus tôt, Jimmy Floyd Hasselbaink a avoué à Joachim avoir regardé Espagne – Luxembourg et que les Roud Léiwen, lui y compris, avaient réalisé une très belle performance. «Malgré ça, le lendemain de la blessure de Beavon, il annonce à l’entraînement qu’il va faire confiance à Thiele, le troisième attaquant. Ça m’a touché…»
«En Angleterre, il fait un peu gris»
Touché. Pas encore coulé. Joachim se plaît en Angleterre. «La vie est bien. Le coach intelligent, qui connaît ses adversaires et sait les faire déjouer. On n’est pas aux premières places pour rien. Il fait un peu gris, mais les pelouses sont magnifiques et les stades pleins.»
Ne lui reste plus qu’à convaincre son entraîneur de lui faire enfin confiance, lui qui ne l’a titularisé qu’une fois, en Cup, depuis le début de la saison. Les matches contre la Grèce et le Portugal compteront à cet égard sans doute pour du beurre. Aujourd’hui, Joachim n’a qu’une certitude : «L’hiver va être long !»
Julien Mollereau