Conscients du danger mais accros à leur smartphone, trois quarts des Français (76%) estiment qu’un durcissement des sanctions est la solution la plus dissuasive pour les empêcher d’utiliser leur téléphone au volant, selon une étude Harris Interactive pour l’Association des sociétés d’autoroutes (ASFA) publiée vendredi.
Le téléphone au volant est un danger, les Français le savent bien. Invités à classer les facteurs d’accidents sur une échelle de 1 à 10, les automobilistes citent l’utilisation du téléphone au volant parmi les plus dangereux (8,4), juste derrière l’alcoolémie (8,5) et devant la drogue et les médicaments (8,3), la fatigue et la somnolence (8,3) ou la vitesse (7,8). Mais l’addiction est plus forte: 31% des Français -et 41% des moins de 35 ans- disent ne pas pouvoir se passer de leur téléphone plus d’une heure.
69% des moins de 35 qui interagissent avec leur téléphone sur l’autoroute
Plus de quatre sur dix (41%) avouent interagir avec leur téléphone sur l’autoroute, sans toutefois le prendre en main, et 37% l’utilisent en le tenant. Des proportions qui explosent de manière inquiétante chez les moins de 35 ans, respectivement à 69% et 61%. « Un tel degré d’addiction est étonnant (…) Que les gens utilisent leur téléphone, malheureusement on s’en doutait. Mais qu’ils soient conscients du danger et qu’ils continuent à l’utiliser dans ces proportions, c’est une contradiction spectaculaire », relève Christophe Boutin, directeur général de l’ASFA qui regroupe les 22 concessionnaires et exploitants gérant 9 174 des 12 000 kilomètres d’autoroutes françaises.
L’effet générationnel ajoute à l’inquiétude. « Si les jeunes, qui représentent aujourd’hui que 18% des utilisateurs de l’autoroute, ont ce comportement, ça veut dire que demain la majorité des conducteurs auront ce comportement. C’est très préoccupant », souligne Christophe Boutin.
Aveu ultime d’addiction, trois Français sur quatre estiment que le meilleur moyen d’enrayer cette pratique est de la punir plus sévèrement (76%) ou de mettre en place des règles plus strictes (75%). « C’est rare en sécurité routière que des Français demandent des sanctions plus sévères. Généralement, le mouvement est plutôt inverse », s’étonne Christophe Boutin. Le gouvernement a déjà annoncé son intention de renforcer l’arsenal répressif.
Un article de la Loi d’orientation des mobilités (LOM), actuellement en débat au Parlement, permettra aux forces de l’ordre de suspendre le permis d’un automobiliste qui commet une infraction tout en utilisant son téléphone portable.
L’usage simple du téléphone au volant, tenu en main ou avec oreillette, casque ou kit mains libres, est, lui, puni d’une amende de 135€ et d’un retrait de trois points. Étude réalisée en ligne du 12 au 19 octobre 2018 auprès d’un échantillon de 1 500 personnes représentatif des Français âgés de 18 et et plus, selon la méthode des quotas.
LQ/AFP