La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine vise un déficit de la Sécurité sociale (régime général et fonds de solidarité vieillesse) «sous les 10 milliards d’euros» en 2016, en amélioration de 3 milliards par rapport à 2015, a-t-elle annoncé jeudi.
«L’objectif, pour l’année prochaine, c’est d’aller en dessous de cette barre symbolique des 10 milliards», a-t-elle déclaré sur Europe 1, peu avant de présenter son projet de budget à la Commission des comptes de la Sécurité sociale. Elle a aussi confirmé que la branche vieillesse du régime général serait «en léger excédent» pour «la première fois depuis 2004».
En 2012, «quand je suis arrivée, le déficit (de la Sécu, nldr) était de 21 milliards», a rappelé la ministre. «Il est un peu inférieur à 13 milliards cette année, c’est-à-dire que nous l’avons réduit de 40%», s’est-elle félicitée.
Selon les dernières prévisions de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, les déficits cumulés du régime général (maladie, vieillesse, famille, accident du travail) et du FSV atteindront 12,8 milliards d’euros en 2015, soit 400 millions d’euros de moins qu’en 2014.
Insistant sur la bonne forme de la branche vieillisse, Marisol Touraine a estimé qu’elle était liée aux «politiques portées, (à) la réforme de 2013». «Des efforts sont demandés, il portent des résultats», a-t-elle dit, voulant «rassurer» les Français sur la «capacité» du gouvernement à «garantir les retraites».
Dans sa synthèse, la commission des comptes de la sécurité sociale souligne que le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, issu de la réforme de 2010, et le très faible niveau d’inflation qui aboutit à des revalorisations proches de zéro, expliquent ces résultats.
Interrogée sur le déficit de la branche maladie, qui se creuserait encore, à -7,4 milliards en 2015, la ministre a assuré que des «efforts importants» seraient réalisés par «tout le système de santé» mais «pas par les Français».
«Depuis 2012, j’ai une ligne de conduite: pas de déremboursement, pas de franchise supplémentaire», a-t-elle fait valoir.
Elle a ainsi rappelé les leviers d’économies privilégiés par le gouvernement, comme développer la chirurgie ambulatoire, «passée de 40 à 45%» ou «éviter les actes inutiles ou redondants».
«La restructuration de notre système de santé est engagée», tandis que «les dépenses vont atteindre un niveau historiquement bas», avec 3,4 milliards d’euros d’économies à réaliser pour la seule assurance maladie, a-t-elle souligné.
La ministre a pour le moment exclu de généraliser la vente de médicaments à l’unité, expérimentée depuis un an, avant une étude de l’Inserm, chargé d’évaluer le dispositif. Elle a toutefois estimé que «les premiers résultats étaient très encourageants».
Interrogée sur les dépenses relatives à l’aide médicale d’Etat (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière, qui ont atteint selon elle «800 millions» d’euros, la ministre a assuré que l’objectif serait du «même ordre» l’année prochaine, malgré l’arrivée de réfugiés.
«Je ne voudrais pas laisser dire que l’arrivée (…) dans les deux ans qui viennent de 24.000 réfugiés» va «déstabiliser les comptes de la Sécurité sociale», a déclaré la ministre. «La France a la possibilité de soigner ces personnes», a-t-elle jugé.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2016, qu’elle dévoilera à la mi-journée avec le secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert, contiendra en outre des mesures pour faciliter l’accès des retraités à une complémentaire santé, a-t-elle annoncé.
Elle compte notamment favoriser «des contrats qui seront moins chers, labellisés, et qui permettront aux personnes de plus de 65 ans de pouvoir être mieux protégées pour moins cher», répondant à une promesse de François Hollande.
AFP/M.R.