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Sarkozy entendu dans l’affaire Bygmalion


Nicolas Sarkozy a affirmé n'avoir "appris le nom de Bygmalion", la société de communication chargée d'organiser ses meetings via sa filiale Event and Cie, que "longtemps après la présidentielle". (Photo : AFP)

L’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, a été entendu le 4 septembre par les policiers dans l’enquête Bygmalion sur un système de fausses factures qui aurait été mis en place pour dissimuler une explosion de ses comptes de campagne en 2012.

Revenu à la tête de son parti, devenu Les Républicains (LR), Nicolas Sarkozy a été entendu par les enquêteurs de l’office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), sous le régime de l’audition libre, a déclaré lundi une source judiciaire, confirmant une information du Monde.

Il n’a jusqu’à présent été mis en cause par aucune des treize personnes mises en examen dans ce dossier, anciens responsables de sa campagne, de l’UMP ou de la société de communication Bygmalion. Mais certains de ces protagonistes ont insisté sur le rôle central qu’il avait dans l’animation de sa campagne.

Les enquêteurs soupçonnent la mise en place d’un système de fausses factures, reconnu par les responsables de Bygmalion, pour dissimuler un dépassement du plafond légal des dépenses de campagne: celles-ci, engagées notamment pour les meetings, auraient été frauduleusement imputées à l’UMP.

But de la fraude: la prise en charge par le parti d’environ 18,5 millions d’euros pour éviter un enfoncement du plafond autorisé de 22,5 millions d’euros afin d’éviter une rejet des comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. Nicolas Sarkozy a affirmé n’avoir « appris le nom de Bygmalion », la société de communication chargée d’organiser ses meetings via sa filiale Event and Cie, que « longtemps après la présidentielle ».

Pourtant, son ancien directeur de campagne Guillaume Lambert lui a prêté en garde à vue un rôle de décideur dans la stratégie de campagne: « De façon générale, la planification des meetings était soumise à approbation et validée par Nicolas Sarkozy. »

C’est Nicolas Sarkozy qui choisit de déclarer sa candidature le 15 février 2012, lui aussi qui décide d’inaugurer sa campagne le lendemain à Annecy. Et le candidat « influait sur les formats de meetings », entre réunions nationales, régionales ou locales, a expliqué son ancien chef de cabinet à l’Elysée.

L’alerte de l’expert-comptable

Après le coup d’arrêt à la campagne provoqué mi-mars par l’affaire Merah, le candidat « a souhaité relancer (sa) dynamique (…) par davantage d’interventions dans l’espace public », a détaillé M. Lambert.

Pourtant, quelques jours plus tôt, le 7 mars, l’expert-comptable de la campagne avait prévenu dans une note que le total budgété dépassait déjà de plus d’un demi-million d’euros le plafond. Il prônait des renégociations et interdisait « toute dépense complémentaire ».

« Informé par mes soins des contraintes budgétaires » posées par cette note, « Nicolas Sarkozy m’a demandé d’ajouter comme événements supplémentaires (…) que de petites réunions publiques rassemblant aux alentours de 1.000 personnes à coûts bas et maîtrisés », a raconté Guillaume Lambert.

De 15 à 20 meetings, la campagne passera à 44. Mais « 25 seront sur ce format » modeste, s’est défendu l’ancien chef de cabinet à l’Elysée.

Un courriel du 19 mars confirme cette impulsion malgré la note du 7 mars. Le directeur général de l’UMP, Eric Cesari, proche de Nicolas Sarkozy, évoque le « souhait du président de tenir une réunion publique chaque jour à partir de la semaine prochaine ».

Ces éléments ne démontrent pas que l’ancien président a pu avoir connaissance de fausses factures. Mais l’enquête est aussi ouverte pour « financement illégal de campagne », délit qui vise notamment le dépassement conscient du plafond des dépenses.

Guillaume Lambert a justifié l’ajout de meetings par les renégociations avec Event and Cie, qui auraient dégagé des marges de manoeuvre financières. Une « rustine » aux yeux d’un enquêteur. Le patron d’Event, Franck Attal, a confirmé au juge avoir révisé ses prestations à la baisse. En vain, selon lui, car des demandes supplémentaires sont intervenues.