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Sahel : la France va envoyer des renforts supplémentaires


L'opération Barkhane qui a débuté en 2014, compte déjà 4 500 militaires français au Sahel. (Photo AFP)

L’opération antijihadiste française au Sahel, Barkhane, va recevoir des « moyens supplémentaires » en plus des 220 soldats déjà récemment envoyés en renfort, pour tenter de mettre un coup d’arrêt à la spirale des violences, a annoncé mercredi le chef d’état-major français des armées François Lecointre, tout en doutant « pouvoir crier victoire à la fin de l’année ».

Outre l’envoi annoncé début janvier par Emmanuel Macron de 220 soldats « qui étaient en mission de courte durée en Côte d’Ivoire », la France prévoit « l’engagement de moyens supplémentaires dont je vais présenter le profil et la composition au président de la République dans les jours qui viennent », a souligné le général lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense (AJD). Ces nouveaux renforts seront accompagnés de « moyens logistiques et de renseignement supplémentaires », a-t-il poursuivi. De source proche du dossier, des annonces devraient avoir lieu à ce sujet le 29 janvier. « Nous allons accentuer nos efforts dans la zone du Liptako-Gourma, dans la zone ‘des trois frontières’ (entre Mali, Burkina Faso et Niger, ndlr), en y concentrant des moyens supplémentaires », a rappelé François Lecointre. « Aujourd’hui, dans cette zone extrêmement vaste, les moyens qui sont mis à disposition de l’opération Barkhane ne sont pas suffisants pour qu’on puisse avoir des soldats déployés H24, 7 jours sur 7 ».

Avant l’annonce de premiers renforts par le chef de l’Etat français au sommet de Pau début janvier, la force Barkhane comptait quelque 4 500 militaires au Sahel. « Mais 4 500 hommes au Sahel, c’est dérisoire! », faisait valoir en novembre dernier le général Lecointre lors d’une audition à l’Assemblée nationale, dont le compte-rendu n’a été publié que cette semaine. « Une fois soustraits les éléments de logistique et de soutien, la capacité de protection de nos emprises (…), je me trouve avec 2 000 hommes au maximum », soulignait-il. La force conjointe du G5 Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad) focalisera également ses efforts sur cette zone des trois frontières, sanctuaire du groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) où se sont concentrées les attaques meurtrières des jihadistes ces derniers mois, a rappelé mercredi le chef d’état-major français.

Engager l’Europe pour soutenir les forces locales

Enfin, « nous souhaitons engager les Européens » via un groupement de forces spéciales baptisé Takuba, destiné à accompagner les forces locales au combat. Cette force, qui sera déployée cet été, sera « pleinement opérationnelle à partir de l’automne », a-t-il fait valoir. « Sur le plan tactique, voilà ce qui nous fait espérer qu’on va obtenir une bascule », a-t-il souligné tout en évoquant « de toute façon un engagement long. Je ne pense pas, malgré cette inflexion, que nous allons à la fin de l’année pouvoir crier victoire ». « Nous espérons que cet effort tactique sera mis à profit par les autorités politiques du Mali, du Niger, du Burkina Faso », a-t-il répété. « Une partie importante de la solution est entre leurs mains ».

Le général Lecointre a par ailleurs déploré l’inertie de la Mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), lancée en février 2013, qui réunit 620 militaires de 28 pays européens. « Je trouve l’Europe un peu longue à se mettre en branle. Ça fait maintenant sept mois que j’ai écrit à l’Union européenne en demandant que l’EUTM (…) se déploie plus et qu’elle fasse un travail d’accompagnement plus complet dans la reconstruction de ces armées et pas seulement d’entraînement », a-t-il déclaré. Or « Tout cela est long. Il faudrait agir très vite ».

AFP/LQ