Les gens du voyage ont levé samedi midi leurs barrages érigés sur l’A1 au niveau de Roye (Somme) après qu’une décision de justice leur a été favorable, mais l’autoroute devait rester fermée dans la journée en raison des réparations à réaliser.
A midi, tous avaient quitté les lieux qui étaient à présent investis par les pompiers aspergeant de la mousse sur la chaussée, très dégradée, sur les six voies de l’une des autoroutes les plus fréquentées d’Europe.
«Même si les barrages ont été levés, l’autoroute restera a priori fermée aujourd’hui en raison des réparations à effectuer sur la chaussée», a indiqué à l’AFP la préfecture de la Somme qui invitait les automobilistes, en cette journée rouge de retour de vacances, «à prendre les déviations indiquées».
Vers 12H30, Bison futé comptabilisait 9,5 kilomètres de bouchon dans le sens Lille-Paris, dus à la fois à cette action entamée vendredi soir mais aussi à un accident, et un kilomètre dans le sens inverse.
Vendredi soir, la soixantaine de manifestants avaient commencé à ériger des barrages au niveau du péage de Roye en brûlant sur la chaussée, puis aux alentours de l’A1, des pneus et des palettes avant d’alimenter le feu avec des poubelles ou des arbres qu’ils avaient tronçonnés.
Décision de justice favorable
Cette manifestation survient quatre jours après qu’une fusillade a éclaté dans un camp voisin faisant quatre morts, dont un gendarme et un bébé, et trois blessés. Les gens du voyage ont décidé de mener cette action spectaculaire pour contraindre les autorités à accepter que le fils d’une des victimes de la fusillade, actuellement incarcéré à la maison d’arrêt d’Amiens pour «trafic de voitures» de source judiciaire, puisse assister aux funérailles de son père, lundi.
Samedi dans la matinée, la Cour d’appel d’Amiens avait infirmé la décision prise la veille par le juge d’application des peines qui avait refusé une sortie provisoire du détenu de 26 ans qui purge une peine de six et quatre ans.
«La Cour a finalement autorisé la sortie sous escorte de 08H00 à 18H30» du fils incarcéré, ainsi que de son cousin, incarcéré «pour les mêmes faits», a affirmé le secrétaire général du parquet général, Rodolphe Juy-Birmann.
Jusqu’à cette décision tombée en fin de matinée, la situation n’avait que peu évolué depuis vendredi soir. «C’est vrai, il y a du désordre», soupirait un gendarme aux avant-postes de Roye, commune de 6.200 habitants.
«On essaye d’être pragmatiques pour éviter un effet boule de neige», avait indiqué de son côté la préfecture de la Somme à l’AFP préférant «poursuivre le dialogue» avec les manifestants alors que les effectifs policiers avaient été «revus à la hausse avec des renforts venant d’autres départements».
« Il faut des sanctions »
Cette situation a fait réagir des élus d’opposition à l’instar du candidat Les Républicains pour les régionales en Nord-pas-de-Calais/Picardie Xavier Bertrand pour lequel «cet acte d’une extrême gravité ne doit pas rester impuni. Il faut des sanctions» (twitter), ou encore de l’ancien secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement Roger Karoutchi (LR) qui a jugé que le «ministre de l’Intérieur doit s’expliquer sur les événements de cette nuit sur l’autoroute A1, sinon une mission parlementaire sera légitime».
Nombre d’automobilistes se sont retrouvés démunis: «Vers 21H30, nous avons été bloqués avant Roye. Il y avait beaucoup de familles autour et des étrangers rentrant chez eux: Belges, Britanniques et Hollandais», a ainsi indiqué à l’AFP Patrick Leduc, immobilisé dans son véhicule en ce weekend de retour de vacances.
Du fait des déviations, une grande partie du réseau secondaire a également été saturée durant la nuit, selon un photographe de l’AFP, laissant de nombreux touristes livrés à eux-mêmes en pleine campagne.
Âgé de 73 ans, l’auteur présumé de la fusillade était fortement alcoolisé lorsqu’il a fait feu, tuant trois membres d’une même famille, une jeune femme de 19 ans, sa fille de neuf mois et son beau-père, ainsi qu’un gendarme de 44 ans.
Il a été mis en examen pour assassinat et tentative d’assassinat, et écroué.
AFP/M.R