De quoi faire enrager Messi! En conduisant le Portugal à un premier titre international, l’Euro-2016, Cristiano Ronaldo est entré encore un peu plus dans l’histoire de son sport, et a surtout fait mieux que son rival, malheureux avec sa sélection argentine.
FC Barcelone ou Real Madrid ? Messi ou Ronaldo ? Toutes les saisons, les débats s’enflamment au petit jeu du «qui des deux est le meilleur ?». En 2016, c’est Ronaldo qui a d’ailleurs reçu son quatrième Ballon d’Or.
A l’un, on reconnait un sens inné du football, une science confinant au génie du dribble et de la passe, mise au service d’un magnifique collectif, celui de Barcelone. L’autre est l’un des « Galactiques » du Real, et compense un talent à peine un peu moins éclatant par une discipline de fer, un travail acharné, une obsession pour le but, la victoire, l’histoire du football.
Et si l’image de Messi a été ternie par les procédures judiciaires concernant des soupçons d’évasion fiscale, celle de « CR7 » n’a pas tardé à suivre le même chemin: fin 2016, le Portugais a retrouvé son nom au milieu des ‘Football Leaks’, des enquêtes menées par une douzaine de médias européens, dont le français Mediapart, et qui l’accusent d’avoir «dissimulé 150 millions d’euros dans des paradis fiscaux, en Suisse et aux Iles Vierges Britanniques».
Une donnée cependant permet désormais de les distinguer. Depuis l’été 2016, seul Cristiano Ronaldo est titré au niveau international.
« Moment le plus fort de ma vie »
Il a passé la majeure partie de la finale de l’Euro-2016 sur le banc de touche, la faute à un choc avec le français Dimitri Payet qui l’a contraint à quitter la pelouse, en larmes et sur civière.
Mais à la fin, ce n’est ni la solidité de fer de son coéquipier Pepe, ni le pragmatisme savant de son sélectionneur Fernando Santos, encore moins l’activité de Danilo et William Carvalho à la récupération ou les arabesques de Nani ou Ricardo Quaresma, qu’a retenu l’Europe du football. Non: l’image de l’Euro, c’est celle du natif de Madère, le genou bandé et toute tristesse bue, qui ressort des vestiaires pour haranguer ses coéquipiers, accompagnant les actions depuis le bord du terrain, vibrant à chaque offensive, serrant les dents, et finalement hurlant sa joie après le but vainqueur d’Eder en prolongation.
«Oubliez les trophées individuels, la Ligue des champions, ce moment qu’on est en train de vivre et le moment le plus fort de ma vie», dira plus tard le capitaine de 31 ans, dans l’intimité du vestiaire. «J’ai déjà pleuré trois ou quatre fois. Mon frère m’a demandé de me calmer mais franchement, je lui ai dit que je ne pouvais pas. Je suis tellement heureux que je pourrais le répéter 100 fois!»
Montée en puissance
Balayés, donc les trois Ligues des champions – dont la dernière remporté à peine un mois avant l’Euro! -, les quatre Ballons d’or (2008 avec Manchester United, 2013, 2014, 2016 avec le Real), et encore les titres de champion d’Angleterre ou d’Espagne. «Nous sommes entrés dans l’histoire du Portugal. Nous sommes les premiers à réaliser ça.»
« CR7 » est aussi le premier dans le duel l’opposant à Messi à remporter une finale internationale. Avec l’Argentine, la « Puce » de 29 ans a bien été champion du monde en 2005 et champion olympique en 2008, mais c’était avec des sélections de jeunes. Avec l’équipe première, il a disputé quatre finales, et les a toutes perdues: celles de la Copa America en 2007, 2015, 2016, et surtout celle de la Coupe du Monde, en 2014, face à l’Allemagne.
Et tant pis si le parcours du Portugal à l’Euro a été laborieux, périlleux, moqué et critiqué. Passé tout proche de l’élimination dans une poule pourtant largement à sa portée (Autriche, Hongrie, Islande), peu en verve en huitièmes contre la Croatie puis en difficulté face à la Pologne en quarts… Il est monté en puissance malgré les critiques, tout comme « CR7 », décisif quand il l’a fallu, en poules, en huitièmes, en demie.
Le Madrilène, qui avait perdu en finale face à la Grèce en 2004, est même devenu comeilleur buteur de l’Euro avec 9 réalisations en 4 éditions. Michel Platini avait atteint cette statistique en un seul championnat d’Europe (en 1984). Mais Ronaldo est assuré d’une chose: sur ce point non plus, Messi l’Argentin ne fera jamais aussi bien.
Le Quotidien/afp