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«J’espère que Ronaldo a gardé ce maillot»


Dans la famille Da Mota, il y a le Dudelangeois Dan (30ans), ailier de la sélection. Il y a aussi Patrick (28ans), défenseur d'Erpeldange, et David (25ans) qui s'entraîne depuis quelques mois à Strassen. Et puis il y a Maximino, le père tombé dans la marmite à cause de ses fils... (Photo : LQ)

Le 7 septembre 2012, Dan Da Mota inscrivait le but de sa vie en ouvrant le score contre le Portugal (1-2). Trois ans plus tard, son père et ses deux frères reviennent sur ce «moment de fierté».

Dans la famille Da Mota, il y a le Dudelangeois Dan (30ans), ailier de la sélection. Il y a aussi Patrick (28ans), défenseur d’Erpeldange, et David (25ans) qui s’entraîne depuis quelques mois à Strassen. Et puis il y a Maximino, le père tombé dans la marmite à cause de ses fils…

Vous étiez tous les trois au stade le jour du but de Dan contre le Portugal. Comment avez-vous vécu cet instant?

Patrick : Déjà, on était chacun à un endroit différent. Moi, j’étais avec un pote dans la tribune d’en face, à peu près à hauteur du rond central, là où Dan a fêté le but.

David : Moi, j’étais avec ma sœur (NDLR : Natali, 31 ans, quatrième enfant Da Mota) et mon beau-frère. On était derrière le but de Joubert quand Dan a marqué.

Patrick : Et puis lui (il montre son père), il a toujours la meilleure place…

Maximino : J’étais dans la tribune couverte, avec ma femme (NDLR : Eva). C’est les places que Dan nous donne à chaque fois. Quand il a marqué, c’était la fête. Il n’y avait plus de Portugais et de Luxembourgeois, il n’y avait que des gens heureux.

Parlez-moi de ce but…

David : Dès qu’il a fait son contrôle, je me suis levé. Peu importe ce qu’il se passait, l’action était déjà belle. Si ça se trouve, j’ai gêné des gens qui étaient derrière moi. Mais ce soir-là, je m’en foutais!

Patrick : Je me rappelle de tout, du pressing de Schnell, de la transversale de Joachim, et de la suite… J’étais heureux, mais je voulais néanmoins que le Portugal gagne. C’était un match qualificatif pour le Mondial quand même!

David : Il a marqué contre notre pays d’origine et ça, ça restera gravé dans nos mémoires à tout jamais. De toute façon, même si on ne s’en rappelait plus, il y aurait YouTube pour nous rafraîchir la mémoire.

Vous vous doutiez qu’il allait faire ce contrôle et enchaîner avec une frappe avec son « mauvais » pied, le droit?

Patrick : Connaissant mon frère, je pensais qu’il allait partir sur son pied gauche. Là, il a tenté sa chance. D’habitude, avec le droit, ça part n’importe où! Mais là, il a fait le geste parfait.

Retenez-vous autre chose de ce match que l’ouverture du score de Dan?

Maximino : Moi, je ne retiens que ça. C’était tellement fort que ça a rendu tout le reste moins important. Ce que je sais, c’est que le Portugal n’avait pas fait un bon match.

Patrick : Je ne me souviens même plus qui a marqué pour le Portugal.

David : Helder Postiga et Ronaldo, je crois… Moi, ce que j’ai aimé, c’est que toutes les personnes dans le stade ont applaudi quand mon frère a marqué, même ceux qui étaient venus supporter le Portugal.

Vous parliez de YouTube. Vous le regardez encore souvent, ce but?

David : Déjà, il faut savoir que ce but, il avait été désigné à un moment par le site de l’UEFA comme le plus beau de tous les groupes des éliminatoires. Moi, je l’ai fait voir à tous mes collègues.

Vous êtes tous les deux défenseurs latéraux. Est-ce que vous, vous auriez réussi à stopper Dan sur cette action-là?

Patrick : Ça, c’est sûr! D’ailleurs, vous pourrez le vérifier dimanche, il y a un Erpeldange-F91 en Coupe, je serai en face de lui! Non, sérieusement, João Pereira ne pouvait rien faire. Le terrain était mouillé, il a un peu glissé mais de toute façon, il était déjà trop loin de Dan et le contrôle était vraiment parfait.

David : Avec mon frère, ça peut partir de n’importe où. Ça ne rentre pas à tous les coups, mais il réussit tout le temps à tenter sa chance, c’est ça qui est difficile pour un défenseur, quand un attaquant réussit à armer à chaque fois.

Vous souvenez-vous de sa sortie à la 79e minute?

Maximino : Tout le monde s’est levé et l’a applaudi. C’était un moment fort.

David : Il devait avoir encore plus de frissons que nous, mais en tant que frère, je vivais déjà quelque chose d’incroyable.

Patrick : Nous, on a célébré ça plus tard en famille. Ce mois-là, c’était son anniversaire. Quelques jours après le match, on est allés au restaurant à Diekirch et on lui a fait une petite cérémonie de remise de Ballon d’or. On l’a obligé à faire un discours, tout le restaurant tendait l’oreille pour l’écouter. On avait fabriqué un faux Ballon d’or et on lui avait remis un cadre avec des photos de joie de lui lorsqu’il a marqué.

Quelle est la première chose que vous lui avez dite après le match?

Maximino : Je l’ai embrassé et je l’ai félicité. Lui, il m’a dit qu’il rêvait de marquer contre le Portugal, mais qu’il pensait que c’était impossible.

Quel écho ce but a-t-il eu au Portugal?

Maximino : D’une manière générale, d’où je viens, à Fafe, près de Braga, beaucoup de gens me demandent un maillot de Dan. Dans le café où on va, il y en a un accroché au mur. Là-bas, puisqu’on a des amis, ils regardent parfois les matches du Luxembourg. Le soir de ce match, quand il y a eu le but, nos copains ont sauté au plafond. Les gens du café se demandaient pourquoi ils étaient contents de voir un but marqué contre le Portugal.

David : Ce qui est beau, c’est que ce sont des Portugais du Portugal qui se sont réjouis juste par amitié pour mes parents.

Qu’est devenu le maillot que Dan a porté le jour du match?

Maximino : Il l’a échangé avec Ronaldo.

Patrick : J’espère que Ronaldo a gardé ce maillot. On ne sait pas, peut-être qu’il l’a mis dans son musée! Il faut lui dire que pour le foot luxembourgeois, c’est un maillot qui a de l’importance.

David : Ce que je sais, c’est que Dan a pris soin du maillot de Ronaldo. Il en a une belle collection maintenant : Iniesta, Nasri, Balotelli, Pirlo…

Puisqu’il a déjà joué plusieurs fois contre le Portugal, il a pris le temps de vous gâter?

David : Il m’a donné le maillot de Moutinho, Patrick a eu celui de Postiga et notre beau-frère celui de Ricardo Costa. Il m’a aussi donné celui de Mata quand il a joué contre l’Espagne. Ça va, on peut dire qu’on a un frère généreux.

Vous reparlez souvent de ce qui reste le but de sa vie?

Maximino : Quand on est tous réunis à table et qu’on parle de Dan et la sélection, il y a deux sujets qui reviennent : le but contre le Portugal et sa touche ratée contre l’Italie. Là, on rigole bien.

David : Celle-là aussi, sur YouTube, elle a quelques vues…

Patrick : Ce jour-là, je l’ai bien charrié.

Comment Dan a-t-il géré les semaines et mois qui ont suivi ce moment qui reste comme le pic de sa carrière?

Patrick : Il est resté les pieds sur terre car c’est sa nature qui est comme ça. Le match suivant, il a marqué en Irlande du Nord et ça n’a rien changé. C’est pas un gars qui s’enflamme facilement.

C’est un truc de famille, ça?

Patrick : Non, David, il flambe.

David : Si c’était moi qui avais marqué le but, j’aurais enlevé mon maillot et je serai rentré directement aux vestiaires.

Patrick : Il aurait envoyé immédiatement son CV au Real Madrid.

Maximino : J’ai trois fils très différents : Dan est le plus calme, Patrick le plus nerveux, David le plus malin.

Maximino, vous jouiez au foot dans votre jeunesse?

Non. J’ai d’abord travaillé dans l’agriculture avec ma mère puis j’ai été charpentier dans mon petit village de Rego. Je ne faisais aucun sport. Je ne pouvais pas penser que je ferai trois footballeurs. Le foot, ça ne m’intéressait pas du tout. J’ai été obligé de m’y mettre à force d’entendre les entraîneurs me répéter que Dan était fort.

Et Dan, ça ne l’intéresserait pas de devenir charpentier?

David : Il dit souvent que si un ouvrier gagnait autant qu’un employé de bureau, son choix serait vite fait, il irait travailler dehors. Finalement, il est banquier, Patrick aussi, et moi je suis comptable.

Maximino : Tant qu’ils gagnent leur vie, je suis heureux.

Entretien avec notre journaliste Matthieu Pécot

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