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Régionales : un tiers des voix des 18-24 ans au FN


Des jeunes lors de l'université d'été du FN à Fréjus, en 2014. (Photo AFP)

Un tiers exactement des voix des 18-24 ans se sont portées sur le FN, loin devant le PS (21%) talonné par la droite (20%), selon un sondage Harris Interactive réalisé dimanche.

L’extrême droite incarne désormais une « force de changement », estime Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique d’Harris Interactive.

33% des voix des jeunes sont allées au FN, est-ce une surprise ?

Jean-Daniel Lévy : Ça n’est pas une nouveauté : oui, le FN réalise de bons scores auprès de la jeunesse. Déjà en 2002, ce vote était en trompe-l’œil. On avait l’impression que les gens descendaient dans la rue… Mais la jeunesse, soit s’abstient, soit vote plus en faveur du FN (33% des 18-24 ans et 36% des 25-34 ans, NDLR). On observe une progression quasi constante depuis 2002 de ce vote frontiste.

Il y a une désaffection politique : 64% des jeunes s’abstiennent, mais lorsqu’il y a une motivation de vote, rien n’indique qu’il s’agisse d’un coup de semonce. C’est une vraie expression d’une thématique qui leur parle dans leur quotidien. D’ailleurs, cet électorat s’est plus mobilisé dimanche, en réaction à l’actualité urgente.

Parmi les jeunes, s’agit-il d’une tendance générale ?

Les catégories populaires et les jeunes sont les deux populations dont le vote est le plus favorable au FN, alors chez les jeunes issus des catégories populaires, c’est plein pot. C’est un vote assez marqué, avec une variable sociologique nette. Chez les personnes avec des emplois précaires, en recherche d’activité, ou issues des catégories populaires, le vote est plus favorable au FN. On est face à des jeunes qui ont voté en fonction d’enjeux absolument pas régionaux, mais nationaux, c’est-à-dire la sécurité, l’immigration ou l’emploi (des domaines qui ne concernent pas les conseils régionaux, NDLR).

Qu’est-ce qui pousse ces jeunes à voter FN ?

33% des électeurs FN, tous âges confondus, disent exprimer leur mécontentement. Chez les jeunes, on tombe à 15%. Pour ces derniers, le FN apparaît comme une force de changement. Même si les jeunes n’ont pas tendance à voter pour des jeunes parce qu’ils sont jeunes, ces électeurs ont été séduits par cette nouvelle génération, Marion Maréchal-Le Pen, Florian Philippot, Louis Alliot, parce que la manière dont ils font de la politique leur est plus accessible. Souvent les responsables politiques sont taxés de parler un langage inaccessible. Ils ont des codes, les mots, attitudes qui leur parlent plus. Là pour eux, c’est concret.