Nadine Morano, figure de la sarkozie, est menacée de perdre mercredi son investiture aux élections régionales de décembre, après ses déclarations fracassantes sur la France, «pays de race blanche».
La Commission nationale d’investiture du parti, convoquée par Nicolas Sarkozy, devrait sanctionner ses propos en lui retirant sa tête de liste en Meurthe-et-Moselle, «à la demande des candidats Républicains de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine» et notamment du candidat à la présidence du Grand Est, Philippe Richert.
«Une instrumentalisation !», s’emporte Mme Morano, pointant «une opération montée contre elle par les centristes». «Richert ne sait pas faire campagne. Il a trouvé la faille pour demander à Sarkozy de se débarrasser de moi. Mais qu’on arrête le délire! Je n’ai commis aucun crime! Aucune plainte n’a été déposée. Juridiquement, des associations comme SOS racisme ou le Cran savent qu’il n’y a rien de répréhensible dans ce que j’ai dit», affirme-t-elle.
«S’ils veulent me virer, ils prendront leurs responsabilités devant les électeurs. J’ai reçu des milliers de messages de soutien. Brigitte Bardot m’a écrit qu’elle était scandalisée et fière de moi. Elle me dit « Ne vous soumettez pas ». Je ne baisserai pas la tête», prévient la députée européenne.
Nadine Morano a annoncé qu’elle ne serait pas présente mercredi à la CNI.
«Je suis vice-présidente de cette commission d’investiture, je suis également députée européenne, il se trouve que mercredi le président de la République française et Angela Merkel seront à Strasbourg au Parlement européen pour s’exprimer sur la question de migrants et je serai là où je dois être, c’est-à-dire à assumer mes fonctions et donc au Parlement européen et non pas à venir dans une commission traiter de problèmes politiciens», a déclaré Mme Morano mardi sur France 2.
Sarkozyste fervente, son étoile a pâli après ses multiples défaites aux municipales de 2008 ou aux législatives de 2012. Après l’élection fin 2014 de Nicolas Sarkozy à la tête de l’ex-UMP, elle avait regretté de ne pas se voir confier suffisamment de responsabilités dans l’organigramme du parti.
En attendant, ce week-end, Mme Morano s’est recueillie devant la tombe du Général de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises (Haute-Marne). «Je ne suis pas de la race des lâches, pour aucune fonction, je ne renierai le Général», a-t-elle écrit sur sa page Facebook.
Le 26 septembre, invitée sur France 2 de l’émission On n’est pas couché (ONPC), elle avait repris des paroles attribuées à De Gaulle par Alain Peyreffite sur «la France, pays de race blanche». L’élue lorraine avait ajouté: «j’ai envie que la France reste la France et je n’ai pas envie que la France devienne musulmane».
Les quadras demandent une exclusion du parti
Tollé dans le monde politique. A gauche, on dénonce «des propos scandaleux», du «racisme». A droite, on n’en mène pas large, à deux mois des régionales où elle s’est alliée avec les centristes. Ceux-ci sont vent debout contre l’ex-ministre de M. Sarkozy, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, allant jusqu’à la qualifier de «porte-parole du Ku Klux Klan». Mme Morano lui demande d’ailleurs des «excuses».
«Marianne n’a pas de race, pas de couleur», lançait mercredi Manuel Valls. Samedi, M. Sarkozy appelait «chacun» à «maîtriser son vocabulaire» tandis que Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, mettait en garde contre les propos «haineux» qui «attisent les tensions».
François Fillon et Alain Juppé ont eux aussi pris leurs distances. Plus sévères que leur aînés, les députés Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro deux des Républicains, et Benoist Apparu, demandent une exclusion du parti. Ignorant ces critiques, Nadine Morano a continué sur sa lancée, affirmant jeudi à Moscou que la France est «un pays de race blanche avec des noirs, comme le Congo est un pays de race noire, avec des blancs».
Outre que cela complique les relations de la droite avec les centristes, ces propos obligent Les Républicains à se redéfinir par rapport au FN, dont ils peinent à enrayer la progression dans les sondages. Pour 60% des Français (sondage Odoxa), l’affaire Morano est un signe que les Républicains courent après le FN.
Le dernier candidat de la droite à qui l’on avait retiré son investiture (pour les législatives de 2012) est Christian Vanneste, pour propos jugés homophobes, rappelle Gérald Darmanin, qui l’avait remplacé.
AFP/M.R.