«Les attentats n’y feront rien, je vote toujours pour le même parti», sourit Isabelle Beck, fonctionnaire, la cinquantaine, dans son bureau de vote lillois, récusant l’idée que le contexte sécuritaire post-attentats ait pu influencer son bulletin dimanche dans cette région convoitée par le FN.
Lorsqu’on interroge les électeurs, ils assurent que les pires attaques sur le sol français depuis la guerre n’ont eu aucune répercussion sur leur vote, même en Nord-pas-de-Calais-Picardie ou PACA, régions qui risquent de basculer pour la première fois à l’extrême droite.
«C’est normal d’effectuer ce geste citoyen, point barre», lance Didier-Edouard Steiner, la quarantaine, surtout «quand on connaît le pouvoir grandissant des régions».
Parmi la trentaine d’électeurs interrogés dans ce bureau du centre de Lille, seule Véronique, la cinquantaine, avoue s’être spécialement déplacée «dans cette période trouble» post-attentats: «ça m’a vraiment décidée à y aller, pour voter contre Le Pen». La présidente du Front national Marine Le Pen, qui dirige la liste dans la région, arriverait nettement en tête au premier tour, selon tous les sondages.
A l’autre bout de la France, à Marseille, région également convoitée par le parti d’extrême droite et où la thématique sécuritaire est centrale, les électeurs se disent également hermétiques au contexte particulier de l’état d’urgence. «Dans tous les cas, j’aurais voté», assure Christine Pagliali, en sortant de son bureau du centre-ville de Marseille.
«J’ai toujours mes idées»
Un peu plus loin, Bernard et Brigitte, deux sexagénaires en parkas noire et violette assurent avoir «toujours voté, depuis 40 ans». «Nous sommes convaincus depuis très longtemps, et on n’a pas besoin de bourrage de crâne pour savoir ce que l’on veut», lance Bernard.
Devant un bureau près de la gare Saint-Charles, Yvette, 80 ans, évoque, elle, «un réflexe citoyen»: «J’ai toujours voté, je pense que c’est nécessaire, on se plaint toujours, mais si on ne fait rien…». Elle non plus n’a pas été influencée par les attentats du 13 novembre. «On n’a pas été directement concernés à Marseille», souffle-t-elle. «Peut-être qui si ça avait eu lieu à Marseille, on l’aurait vu autrement…».
Pourtant même en région parisienne, à Evry (Essonne), fief du Premier ministre Manuel Valls où les électeurs sont arrivés au compte-goutte, les attentats du 13 novembre ne paraissent pas avoir eu d’influence.
Luc, 58 ans, sans révéler son vote, dit choisir son bulletin «en fonction de ses idées». «Je vote toujours, je ne change jamais, j’ai toujours mes idées. Pour l’instant, il n’y a rien qui m’ait fait changer», ni les attentats, ni l’état d’urgence, insiste-t-il.
«Je me suis réveillé en me disant qu’il fallait allait voter», confie au contraire Jocelyn, 34 ans. «Je suis venu parce que le Front national est haut», explique cet agent de sécurité, qui lui a voté pour la liste d’extrême droite.
AFP/M.R.