François Hollande a mis en garde jeudi contre les «dangers» qui menaceraient l’espace Schengen si un accord n’était pas trouvé en Europe sur l’accueil des réfugiés du Moyen-Orient, dans un entretien.
Comme on lui demandait si l’espace Schengen de libre circulation était en danger, le chef de l’État a répondu: «Oui, s’il n’y a pas le mécanisme des centres d’enregistrement pour distinguer les réfugiés des migrants économiques et assurer la répartition des bénéficiaires du droit d’asile.»
«Schengen serait en danger s’il n’y avait plus de contrôle des frontières extérieures» de l’Union européenne, a insisté le chef de l’État. Dans cette hypothèse, «les États vont rétablir d’une façon ou d’une autre des frontières nationales», a-t-il relevé.
Selon lui, «on serait alors obligé de rétablir des postes de douane, de contrôle, également dans les moyens de transport, et ce serait la fin de Schengen au sens d’un espace contrôlé qui assurait la liberté de circulation». Pour le président Hollande, «si certains pays ne veulent pas appliquer (les mécanismes de répartition des réfugiés, NDLR), on se retrouve devant une difficulté, comment leur imposer?»
«Retirer des subventions ou des aides, ou infliger des sanctions aux pays qui ne veulent pas appliquer le mécanisme voudrait dire que ces pays paieraient pour ne pas accueillir de réfugiés», a-t-il jugé. «En étant plus contraignant encore, le risque serait de réduire l’espace Schengen à quelques pays. C’est là que l’Europe pourrait être en danger», a-t-il enchaîné.
Réclamé par l’Allemagne, un sommet extraordinaire de l’Union européenne sur les réfugiés sera organisé le 23 septembre à Bruxelles afin de faire face à la crise migratoire, au lendemain d’un conseil extraordinaire des ministres de l’Intérieur sur le même sujet.
Les États membres doivent en particulier se mettre d’accord sur la répartition de 120 000 réfugiés entre les pays de l’UE, proposée par la Commission européenne pour soulager l’Italie, la Grèce et la Hongrie, qui font face à un afflux sans précédent de demandeurs d’asile.
Une majorité d’entre eux sont favorables à cette mesure d’urgence, mais plusieurs pays s’opposent farouchement à ce plan dont la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque.
L’espace Schengen est une zone de libre circulation, où les contrôles aux frontières ont été abolis pour les voyageurs, sauf dans des circonstances exceptionnelles. Il est actuellement composé de 26 pays, dont 22 membres de l’UE (la Bulgarie, la Roumanie, Chypre, la Croatie, l’Irlande et la Grande-Bretagne n’en font pas partie) et quatre non-membres (l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse).
AFP/M.R.