Les suspects de l’assassinat de Porto Seguro avaient rapidement été mis sur écoute. Et leurs discussions avaient éveillé les soupçons des enquêteurs.
« Quand est-ce que l’argent sera débloqué?», avait demandé Diego M. depuis le Brésil à sa mère Tania M., lors d’un coup de fil en novembre 2011, quelques semaines seulement après l’assassinat de Henri Z. le 25 octobre 2011. «Tout est bloqué», lui avait-elle répondu depuis le Luxembourg.
Le 28 décembre 2011, la discussion s’intensifie, Diego M. annonçant à sa mère : «Il faut que je paie urgemment, les choses vont éclater.» Et le 31 décembre 2011, Tania M. informe sa meilleure copine Brigitte D. : «Il risque sa vie là-bas. Moi, j’ai peur.» Le 12 janvier 2012, elle lui précise qu’entretemps «l’homme qui réclame de l’argent à Diego M. est venu à sa maison».
D’après ces conversations téléphoniques retracées par l’enquêteur, Diego M. séjournant au Brésil s’est montré très avide d’argent. Les écoutes révèlent également qu’il attendait des sous pour deux raisons différentes. La première concerne sa volonté de se payer une nouvelle voiture à 40 000 euros et en plus, il attend clairement de l’argent pour quelqu’un. Dans l’une des conversations, il est ainsi question de l’affaire Brigitte pour laquelle il a fourni de l’aide. Ce qui laisse penser que Diego M. a probablement engagé un tueur à gages pour exécuter Henri Z.
Une fois l’argent débloqué du compte de Henri Z., 25 000 euros avaient été débités. Cette somme avait immédiatement été transférée au Brésil. D’après les écoutes, d’autres débits d’argent étaient déjà prévus. Ces derniers n’ont finalement pas été effectués en raison de l’arrestation de Brigitte M. et de Tania M. Diego M. résidant au Brésil, quant à lui, n’a pas été extradé au Grand-Duché par les autorités brésiliennes.
Même si, lors des écoutes, Tania M. a livré plus d’indices que son amie Brigitte D., ce n’est pas pour autant que l’épouse de la victime n’a pas éveillé les soupçons des enquêteurs. En fonction de ses interlocuteurs, elle changeait les versions sur la mort de son mari. Henri Z. avait été retrouvé le 25 octobre 2011 assassiné de cinq coups de feu à Porto Seguro. Devant la police, Brigitte D. affirme que son mari avait insisté ce soir-là pour rentrer seul à pied à l’hôtel.
«Il a été conduit sur le lieu du crime»
L’enquêteur de la police judiciaire est également revenu, mardi dans son exposé, sur le chemin que Henri Z. aurait emprunté avant d’être exécuté. La distance entre le restaurant où ils avaient dîné et l’hôtel s’élève à environ 5 kilomètres. La vidéo visualisée, mardi par l’enquêteur, montre clairement qu’il s’agit d’une voie de sable qui passe en grande partie à l’écart de toute habitation et dépourvue de tout éclairage.
«Pour quelqu’un qui avait subi une première attaque quatre jours auparavant et qui sortait juste de l’hôpital, c’était un grand projet», a constaté le président de la chambre criminelle, Prosper Klein. Mais la conclusion de l’enquêteur est plus que claire : «Vu l’état de ses vêtements (aucun grain de sable n’a été retrouvé dans ses chaussettes), on peut exclure qu’il a fait le chemin à pied. Il a été conduit sur le lieu du crime.»
Le comportement de Diego M. le soir de l’assassinat de Henri Z. soulève également des questions. Le fait est que ce soir-là, il aurait emprunté plusieurs fois la même route passant non loin du lieu du crime. Après la sortie au restaurant avec Brigitte D. et Henri Z. et le tour à Porto Seguro, il serait rentré avec Brigitte D. – Henri Z. serait rentré à pied – à l’hôtel, pour enfin se rendre chez un ami pour lui annoncer qu’il avait vendu sa voiture. Cherchait-il peut-être un alibi au cas où sa voiture aurait été repérée près du lieu du crime ?
Le procès se poursuit mercredi avec les dépositions de l’enquêteur. Il présentera notamment les dépositions des deux prévenues.
Fabienne Armborst