La procureure adjointe n’a requis aucune condamnation mercredi au procès du cardinal Philippe Barbarin et de cinq anciens membres du diocèse de Lyon pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs commises par un prêtre.
Cette absence de réquisitions intervient dans la logique du classement sans suite de l’affaire, décidé par le parquet à l’été 2016 après une enquête préliminaire sur les mêmes faits. Le parquet avait exclu chez le cardinal toute volonté d’entraver à la justice, l’ancien scout venu le voir, un quadragénaire, pouvant porter plainte lui-même – ce qu’il fit au final.
Depuis, neuf plaignants avaient lancé une procédure de citation directe afin d’obtenir un procès au pénal, organisé cette semaine à Lyon.
« Ne pas s’intéresser à l’élément intentionnel, c’est adopter une conception attrape-tout de l’infraction », a justifié mercredi la procureure adjointe lors de son réquisitoire. « L’élément intentionnel ne peut pas se caractériser seulement par une omission (de dénoncer l’affaire à la justice), couplée à une connaissance (d’agressions), ça ne suffit pas », a-t-elle insisté.
Aucune question posée
En août 2016, le parquet avait écarté le délit d’ « omission de porter secours », reproché à seulement deux des mis en cause, en l’absence de « péril imminent et constant », les agressions reprochées au père Preynat étant antérieures à 1991. Analyse reprise également deux ans et demi plus tard. Depuis lundi, la procureure adjointe n’a posé aucune question aux mis en cause, ni aux plaignants, durant toute la durée des débats.
Le tribunal doit déterminer si Philippe Barbarin, archevêque de Lyon depuis 2002 et ses coprévenus ont suffisamment agi en apprenant le passé pédophile d’un prêtre du diocèse, Bernard Preynat, auteur d’agressions sexuelles sur de jeunes scouts entre 1986 et la fin 1991.
Le cardinal, âgé de 68 ans, incarne en France la crise d’une Église confrontée partout aux déviances des uns et aux silences des autres.
La non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs est un délit passible en France de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende.
LQ/AFP