À trois mois de la présidentielle française, les électeurs votaient dimanche pour départager sept candidats au premier tour d’une primaire de la gauche dont le vainqueur aura fort à faire pour peser dans une campagne dominée par la droite et l’extrême droite.
Parmi les prétendants à l’investiture de la gauche se dégage un trio de favoris : l’ex-Premier ministre Manuel Valls, lancé dans la course après la renonciation à se représenter de l’impopulaire président François Hollande, et deux ex-ministres positionnés à la gauche du Parti socialiste, sévères vis-à-vis du bilan du quinquennat, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg.
« Aujourd’hui, il y a urgence, on choisira le moins pire », confie Philippe à Marseille, tandis qu’à Paris, Dominique rappelle le véritable enjeu : « que la gauche soit au deuxième tour de la présidentielle ».
En effet, une fois désigné, le 29 janvier, le gagnant de la primaire ne sera pas au bout de ses peines. Pour l’instant, le second tour de la présidentielle, le 7 mai, semble se diriger vers un duel entre le conservateur libéral François Fillon et le chef de file du Front national Marine Le Pen, sur fond de montée en puissance des courants populistes en Europe.
Un troisième homme les talonne : Emmanuel Macron. A 39 ans, cet ancien ministre du gouvernement socialiste a décidé de se présenter sans passer par la case primaire et suscite l’affluence dans ses meetings avec son message « ni droite ni gauche », « progressiste » et pro-européen.
Sa candidature en solo, ajoutée à celle du trublion de l’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, en quatrième position dans les sondages, fait de l’ombre à une gauche socialiste en plein désarroi.
Dans ce contexte de morcèlement, le taux de participation à la primaire sera crucial. Seule une forte mobilisation donnera en effet au champion désigné le 29 janvier une chance de peser dans la confrontation en vue d’occuper le poste suprême à la tête de l’Etat.
À l’inverse, une faible participation mettrait en péril la survie même du Parti socialiste, profondément divisé au terme de cinq années au pouvoir.
« L’étoffe d’un président »
Or les organisateurs ont annoncé une participation moyenne en fin d’après-midi. « Ca ne m’intéresse pas, il y a trop de déception », confie un père de famille parisien désabusé, qui n’est pas allé voter, contrairement à 2011 pour la première primaire socialiste.
À 17 heures, deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, un million de votants avaient été recensés dans les deux tiers de ces bureaux, ce qui est en projection ferait au final entre 1,3 et 1,4 million de participants, selon la commission d’organisation de la primaire. Pour les organisateurs, le pari serait remporté avec 1,5 à deux millions de votants – bien moins que les quatre millions à la primaire de la droite en novembre.
Les candidats attendent désormais le verdict des urnes, après une campagne express rythmée par trois débats télévisés en huit jours.
Tenant de l’aile droite du PS, Manuel Valls, 54 ans, s’est dit « serein et confiant ». Etiqueté favori en décembre, il semble depuis en perte de vitesse mais mise sur son expérience pour l’emporter. Dans la région de Lille, (nord), Richard, 80 ans, a voté sans hésitation pour lui : « C’est celui qui a le plus l’étoffe pour être président ».
Porté par une dynamique dans les sondages, Benoît Hamon, 49 ans, à l’aile gauche du parti, confiait ces derniers jours avoir le « sentiment que (son) heure est arrivée ». Sa proposition-phare : un revenu universel de 750 euros pour chaque Français. L’ex-ministre de l’Education a convaincu William, 65 ans, de Toulouse (sud) : « Le revenu universel, c’est une idée novatrice. Et Hamon, c’est une nouvelle tête ».
L’ex-ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, autoproclamé candidat « du travail » et du « made in France », s’est félicité dimanche de voir « du monde dans les bureaux de vote » : « ça montre que le peuple de gauche n’est pas englouti ». « Montebourg, c’est la frange gauche du parti, celui qui critique le mieux la mondialisation », juge Eric, ingénieur.
Sont également en lice l’ex-ministre socialiste Vincent Peillon, la présidente du Parti radical de gauche Sylvia Pinel et deux écologistes, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias.
Le Quotidien / AFP