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Prêtre égorgé : pourquoi Adel Kermiche avait été remis en liberté


«Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance (…) Je ne suis pas extrémiste », avait affirmé le jeune homme lors de son enquête de personnalité ayant abouti à sa libération sous bracelet électronique. (photo DR)

Identifié comme l’un des deux tueurs du père Jacques Hamel ce 25 juillet dans l’église de Saint-Etienne-du Rouvray, Adel Kermiche, 19 ans, avait été remis en liberté le 18 mars, après dix mois de détention provisoire. Et ce malgré l’appel du parquet. Le journal Le Monde a publié ce mercredi des éléments du débat judiciaire qui a opposé les juges d’instruction et le parquet de Paris.

Comme l’a indiqué mardi soir le procureur de Paris, François Molins, Adel Kermiche avait été mis en examen dès mars 2015 pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », à la suite d’une tentative infructueuse de rejoindre les groupes jihadistes de Syrie. D’abord placé sous contrôle judiciaire, il avait été incarcéré en mai 2015 après une deuxième tentative de départ.

Dans un article publié ce mercredi, le journal Le Monde indique qu’une enquête de personnalité avait été ordonnée par la juge d’instruction chargée du dossier. Durant l’enquête dont les résultats tombent en février 2016, Adel Kermiche « évoque ses projets professionnels : il espère devenir aide médico-psychologique. Sa famille assure qu’il dispose de plusieurs possibilités d’emploi comme animateur dans un centre de loisirs municipal », révèle le journal Le Monde.

Régulièrement hospitalisé pour des troubles psychologiques, le jeune homme au parcours difficile est suivi depuis l’âge de 6 ans. «Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance (…) Je ne suis pas extrémiste », affirme le jeune homme aux enquêteurs, avant de préciser faire deux prières par jour, n’étant «pas réveillé» pour celle du matin.

Placé en détention provisoire, Adel Kermiche vit mal son incarcération et fait la connaissance d’un jeune Français « ayant passé dix-huit mois dans les troupes de l’EI ». Il certifie à la juge d’instruction qu’il regrette ses aspirations jihadistes : « J’ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier. »

Choisissant le contrôle judiciaire sous bracelet électronique plutôt que le maintien en détention, la magistrate motive sa décision par le fait qu’il aurait «pris conscience de ses erreurs», qu’il a eu des « idées suicidaires » durant sa détention, qu’il serait « déterminé à entamer des démarches d’insertion » et que sa famille semble disposée à lui apporter«encadrement» et «accompagnement», rapporte Le Monde.

Et si ses parents « acceptent de l’accueillir, c’est parce qu’ils pensent sincèrement qu’il sait s’être trompé et qu’il ne tentera plus de partir», est-il encore rapporté dans l’enquête de faisabilité de son placement sous bracelet électronique, citée par Le Monde.

Un contrôle judiciaire jugé « parfaitement illusoire » par le parquet

Le parquet fait appel de l’ordonnance de la magistrate, jugée « peu convaincante ». Le ministère public estime que les contraintes d’un contrôle judiciaire «s’avèrent parfaitement illusoires au vu du contexte du dossier». «Dans ces conditions, et quoiqu’il fasse état d’une erreur et réclame une seconde chance, il existe un risque très important de renouvellement des faits en cas de remise en liberté», insiste le parquet.

La chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris rejette l’appel du parquet. Adel Kermiche sort de prison le 18 mars. Assigné à résidence chez ses parents, il lui est interdit de quitter le département. Soumis à une prise en charge psychologique, il ne peut quitter le domicile familial qu’entre 8h30 et 12h30 la semaine. Mardi matin, respectant ces horaires, il commet son attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray.

Le Quotidien