L’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a cité mardi soir sur le perron de l’Élysée la « parole de Jésus : pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », pour évoquer son sentiment après l’égorgement d’un prêtre dans une église à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) mardi matin.
A l’issue d’un entretien de dix minutes avec François Hollande et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, Mgr Lebrun a évoqué « trois aspects » qui sont « dans son cœur » après l’assassinat du prêtre: « les larmes de Jésus, son agonie », mais aussi « ce qu’il a dit sur une montagne (…): on vous a dit d’aimer, moi je vous dis d’aimer vos ennemis et même de prier pour eux. Aimer ses ennemis, est-ce possible ? Je vais essayer, au moins je vais prier pour eux » a-t-il poursuivi, manifestement ému.
« La troisième chose que je retiens, c’est cette parole de Jésus: pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. C’est une parole qu’il a prononcée sur la croix. Je crois que Dieu a essayé de nous apprendre à ne pas avoir une politique du bouc émissaire, C’est la faute à…, moi-même je vais essayer d’être attentif à ce qu’il y a dans mon cœur », a-t-il poursuivi.
Il a dit qu’il allait veiller à « ne pas (se) laisser déborder par la vengeance ou par la colère même si je crie vers Dieu, même si je crie fort vers Dieu, et j’ai envie d’inviter tout le monde, même les non-croyants, à crier fort vers Dieu ».
Mgr Lebrun a qualifié « d’important » cet entretien raccourci, commencé à 19h40 en raison du retard de son avion en provenance de Cracovie (Pologne), où il assistait aux Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), et terminé une dizaine de minutes après en raison de l’allocution de François Hollande programmée à 20h.
Il a dit sa reconnaissance pour « les innombrables messages de solidarités d’où qu’ils viennent, de la communauté musulmane, de la communauté juive… de tous les responsables politiques, ils me touchent. »
« Les services de l’État ont fonctionné très vite » a aussi salué Mgr Lebrun, qui a exprimé pour cela sa « gratitude » à François Hollande.
« La fraternité entre les peuples est l’exacte réponse au terrorisme, la réponse à la violence », avait dit plus tôt dans la journée Mgr Lebrun aux journalistes, alors qu’il était à Cracovie pour accompagner un groupe de jeunes de son diocèse aux Journées mondiales de la jeunesse.
Interrogé pour savoir si cette attaque ne vidait pas les JMJ de leur sens, il avait répondu par la négative. « C’est une tuerie de plus, une violence de plus, mais nous n’étions pas là (aux JMJ) dans le rêve, nous étions là dans la réalité de ce monde que ces jeunes vivent et portent en eux », avait-il dit.
Après son rendez-vous à l’Élysée, Mgr Lebrun a indiqué sa hâte d’être « le plus vite possible à Saint-Etienne-du-Rouvray » pour « (se) recueillir et retrouver si possible les (siens) ».
Le Quotidien / AFP