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Présidentielle : vers une primaire de toute la gauche ?


Dans le quotidien Libération du 11 janvier, des intellectuels comme l'économiste Thomas Piketty ou le sociologue Michel Wieviorka, et des dirigeants écologistes, tels que Daniel Cohn-Bendit, lançaient un appel pour une primaire « des gauches et de l'écologie » en vue de 2017.

Tous les partis, à l’exception du parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, ont accepté de rencontrer les initiateurs de l’appel à une « primaire des gauches et des écologistes ». Le PS et EELV les recevront jeudi. Voici un état des lieux des positions des différents partis composant la gauche vis à vis de ce processus, inédit dans le camp du président sortant François Hollande.

. EELV – pour avec condition

Initiateur de l’appel à une primaire, le député européen Yannick Jadot explique ne pas être « pour ou contre » la participation de l’actuel président de la République. « Le sujet c’est: est-ce qu’il y a une dynamique, est-ce que lui-même considérera, s’il veut être candidat, qu’il a besoin de se relégitimer? Nous considérons que oui », estime-t-il. Mais Cécile Duflot est contre toute candidature de François Hollande à une primaire.

Interrogée sur le refus de Jean-Luc Mélenchon de participer, elle a répondu que « personne ne doit prétendre avoir un droit de veto ». Très discrète, la secrétaire nationale du parti, Emmanuelle Cosse, s’est déclarée favorable au principe, y voyant un outil pour créer une « dynamique » notamment au moment où la droite prendra toute la lumière en organisant ses propres primaires.

. PS – pour avec condition

D’abord réticente, la direction du PS déclare être acquise à une primaire de « toute la gauche » car c’est le seul moyen pour elle, en situation de tripartisme, d’accéder au second tour de la présidentielle et de la remporter éventuellement, analyse-t-on rue de Solférino.

Cette primaire réunirait toute la « gauche de gouvernement (PS, PRG, EELV, PCF) sans préalable et avec une seule condition: que tous ceux qui participent soient d’accord pour soutenir celui ou celle qui gagnera la primaire », y compris, bien sûr, François Hollande, s’il se présente, indique le PS.

Corinne Narassiguin, porte-parole, précise cependant que le PS n’a toujours pas « abandonné l’idée de convaincre le Parti de Gauche » de se rallier à cette primaire. Plus direct, un responsable socialiste assume une « stratégie d’isolement » nécessaire de Jean-Luc Mélenchon.

L’aile gauche du PS fait de son côté pression en faveur d’une consultation qui inclurait François Hollande et a lancé fin janvier un appel unanime en ce sens. L’ancien ministre de l’Education, Benoît Hamon, s’est déclaré prêt à se présenter.

. PCF – plutôt pour avec conditions

Le secrétaire national du parti communiste Pierre Laurent a « ouvert la porte » à l’organisation de ces primaires et accueille des débats thématiques chaque lundi sous la coupole du Colonel Fabien. Mais depuis le début il a été clair: ce sera sans François Hollande. Il s’agit de rassembler « autour d’une politique commune qui ne soit pas la politique de François Hollande », a précisé le porte-parole du parti, Olivier Dartigolles, assurant ne pas exclure le PS en tant que tel.

. PG – contre

Le porte-voix du parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’a dit le jour-même de la publication de l’appel: la primaire, ce sera sans lui. « Je n’y serai pas parce que, quand on va à une primaire, c’est qu’on en accepte le résultat et, si Hollande vient, je n’ai aucune raison de le faire alors que je le combats depuis 2012 », avait-il argumenté. Il refuse également de se soumettre à une primaire de la gauche excluant le président, expliquant ne pas vouloir participer « à une compétition dont je ne suis pas prêt à me soumettre au résultat ».

. PRG – plutôt contre

Soutien sans faille de la politique menée par François Hollande, le parti radical de gauche est pour le moins circonspect. « Par principe on est pour les primaires, c’est pour nous un moyen d’en finir avec la logique de la Ve République », explique le numéro 2 du parti Guillaume Lacroix. Mais, nuance-t-il, « ça n’a pas de sens si c’est seulement une partie de la gauche qui participe ».

. MRC – plutôt contre

« Initier une primaire pour libérer le débat, pourquoi pas? » assure Bastien Faudot, investi dimanche candidat à la présidentielle de 2017 pour le Mouvement républicain et citoyen. Mais il regrette ne pas comprendre « le périmètre et le contenu politique » d’un tel processus.

. Ensemble – plutôt contre

Porte-parole de Ensemble, une des composantes du Front de gauche, Clémentine Autain explique attendre que le « cadre » d’une telle primaire soit construit. Elle n’exclut de poser elle-même sa candidature mais seulement à la condition que la « gauche gouvernementale », défendant la ligne de l’actuel gouvernement, n’y soit pas représentée.

. UDE – plutôt contre

Le président de l’Union des démocrates et des écologistes, Jean-Vincent Placé, transfuge d’EELV, estime que « ce n’est pas une idée idiote si elle consiste à parler de fond ». Mais, il craint que la primaire signifie surtout « régler des comptes avec le président de la République ».

Le Quotidien / AFP