La campagne pour l’élection présidentielle s’achève ce vendredi, sous la menace terroriste, au lendemain de l’attentat qui a coûté la vie à un policier à Paris, Bernard Cazeneuve affirmant que « rien ne doit entraver ce moment démocratique fondamental pour notre pays ».
« Rien ne doit entraver ce moment démocratique fondamental pour notre pays », a déclaré le Premier ministre sur le perron de l’Elysée, à l’issue d’un Conseil de défense réuni autour de François Hollande. M. Cazeneuve en a appelé « à l’esprit de responsabilité et à la dignité de chacun » et a exhorté à ne pas « céder à la division et encore moins à l’outrance ».
Plusieurs candidats -Marine Le Pen, François Fillon et Emmanuel Macron- ont annulé leurs derniers déplacements, mais ont saisi l’occasion pour défendre leur projet sur le thème de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme.
La présidente du Front national a ouvert les hostilités dans une déclaration à la presse depuis son QG de campagne parisien. « Depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a été fait pour que nous perdions » la « guerre qui nous est menée », a-t-elle dénoncé, avant de demander « solennellement » au chef de l’Etat « d’ordonner la restauration effective de nos frontières » et « le traitement administratif ou pénal immédiat des fichés S ».
La campagne officielle s’achève ce vendredi à minuit, les médias n’ayant plus le droit de publier ou de diffuser sondages ni déclarations des candidats jusqu’à dimanche 20H00, lorsque les premiers résultats seront annoncés.
Pour donner un dernier élan à une campagne riche en rebondissements, dominée ces derniers jours par un match à quatre (Macron-Le Pen-Fillon-Mélenchon) à fort suspense, les onze candidats avaient prévu meetings, déplacements ou discours.
Ils étaient tous réunis jeudi soir dans les locaux de France 2, où ils participaient à l’émission « Quinze minutes pour convaincre », regardée par 4,66 millions de téléspectateurs, lorsqu’ils ont appris la fusillade sur les Champs-Élysées.
Ils ont unanimement rendu hommage au policier tué et aux forces de l’ordre mobilisées dans un pays touché depuis 2015 par une vague d’attentats terroristes qui ont fait 238 morts.
François Fillon et Marine Le Pen ont immédiatement annoncé qu’ils annulaient leurs déplacements, suivis dans la nuit par Emmanuel Macron.
Sur le plateau de France 2, l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy a estimé que « dans le contexte que nous vivons, il n’y a pas lieu de poursuivre (…) une campagne électorale parce que nous devons montrer la solidarité (…) aux victimes ».
M. Macron a annulé les deux meetings consécutifs programmés à Rouen et Arras, pour des raisons « de décence », et aussi d' »efficacité » quant à la mobilisation des forces de l’ordre. Il s’exprimera « devant les Français » à midi.
Le candidat d’En Marche!, en tête dans les sondages, a appelé à ne pas céder à la panique ni « à l’instrumentalisation qui serait d’utiliser la peur », tout en jugeant que « nous vivrons durablement avec la menace terroriste ».
Le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a lui souhaité « ne pas interrompre le processus de notre démocratie de manière à bien démontrer que les violents n’auront pas le dernier mot contre les républicains ». Il participera notamment à 19h à Paris à l’un des nombreux « apéros insoumis » organisés dans toute la France.
Le candidat PS Benoît Hamon a annulé un déplacement dans la matinée mais maintenu un discours à 17H30 à Carmaux, où il parlera « sous la statue de Jaurès ».
Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a lui confirmé qu’il irait en Seine-Saint-Denis puis dans l’Essonne. Jean Lassalle devrait « annuler » une réunion prévue à sa permanence à Pau.
François Asselineau, candidat de l’UPR, ne suspend pas sa campagne et tiendra un meeting à Strasbourg. « Chacun fait comme il le souhaite », a-t-il jugé.
Quant à Philippe Poutou (NPA), il maintient son meeting à Annecy. Nathalie Arthaud (LO) a réservé sa dernière soirée à un passage sur BFMTV.
François Hollande, qui a lui aussi annulé un déplacement en Bretagne, s’est rendu dans la matinée avec Bernard Cazeneuve et le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl au chevet du policier grièvement blessé dans l’attentat des Champs-Elysées, à l’Hôpital européen Georges-Pompidou.
Le Quotidien / AFP