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Poursuite sous haute sécurité du démantèlement dans la « jungle » de Calais


Démantèlement de la "Jungle" sous haute sécurité policière le 2 mars 2016 à Calais. (Photo : AFP)

«Il faut sortir, ça va démolir»: Le démantèlement de la partie sud de la «jungle» de Calais s’est poursuivi mercredi et pour la troisième journée consécutive dans le calme mais toujours sous haute sécurité policière.

Peu après 08h30, les employés de la Sogéa, société mandatée par l’Etat pour démanteler la partie sud du camp, devenu le plus grand bidonville de France, ont repris leurs opérations, ont constaté des journalistes. «Il faut sortir, ça va démolir», avertissaient les policiers sur place, en tapant sur les abris de fortune encore sur pied pour en déloger les occupants toujours présents. Y compris ceux qui réclamaient d’au moins terminer leur petit-déjeuner, sommés de s’en aller, comme le raconte Mariam, une salariée du Secours catholique. «Les gens se sont résignés, ils baissent les bras», dit-elle pour expliquer aussi le calme ambiant.

Quelques minutes auparavant, une trentaine de véhicules et deux camions anti-émeutes, s’étaient redéployés sur les lieux pour sécuriser les travaux, dont le démarrage lundi avait provoqué des violences. «You need help?»: de son côté, un militant anglais, piercing dans les oreilles et épaisses tresses de cheveux, se proposait pour aider un Soudanais à évacuer sa misérable cahutte. Derrière des policiers, les bulldozers et des ouvriers en gilet fluo s’activaient à démonter des baraques. Et sur les premières parcelles dégagées lundi et mardi, trois pelleteuses continuaient de remplir des bennes de débris.

Alors que les équipes de services de l’Etat (les «maraudes sociales») tentaient à nouveau d’encourager les migrants à accepter une solution de relogement, le sous-préfet de Calais Vincent Berton a affirmé que «200 places étaient encore libres (sur les 1 500)» dans le centre d’accueil provisoire (CAP) constitué de conteneurs chauffés et «300 autres au sein des tentes bleues de la sécurité civile (sur 500 disponibles)».

«Feux de tente»

Il a également réaffirmé que les migrants étaient invités prioritairement à rejoindre l’un des 102 centres d’accueil et d’orientation (CAO) en France où «environ 1 000 places sont encore disponibles». Mais dans le même temps, la Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) a pointé via une étude publiée mercredi des dysfonctionnements dans le dispositif des centres d’accueil et d’orientation (CAO) mis en place pour loger les évacués de la «jungle», tels que «le manque d’information fournie aux personnes qui acceptent de quitter la Jungle».

Délogés mardi, cinq Erythréens qui ont passé la nuit dehors observent l’avancée des travaux: «on n’a plus rien, plus de couverture. C’est la décision du gouvernement… Mais on ira jamais, jamais, dans les CAP, où il faut laisser ses empreintes», affirme Binyam, l’un d’entre eux. La nuit de mardi à mercredi a été calme aux abords de la «jungle», dont plusieurs riverains ont dit mercredi leur soulagement. «Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Cela nous aurait évité désagréments et dégradations», s’est ainsi félicité Bernard, l’un d’entre eux.

«Un dispositif sécuritaire renforcé a été mis en place autour du campement pour éviter des assauts sur la rocade de la part de migrants, celui-ci a été efficace», a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais. Quelques migrants ont néanmoins été empêchés entre 3h et 5h de quitter la «jungle», où survivent entre 3 700 et 7 000 personnes selon les sources, pour éviter qu’ils essayent d’atteindre la rocade portuaire, où transitent les poids-lourds pour rejoindre l’Angleterre. Et les pompiers ont dû réaliser plusieurs interventions dans la nuit pour des feux de tentes, sans que l’on sache si ceux-ci étaient volontaires ou dus aux fortes rafales de vent.

Les sinistres ont toutefois eu pour effet d’étendre significativement la surface défrichée de la partie sud. Lundi, le début du démantèlement avait été marqué par des violences, notamment des heurts entre migrants, militants du collectif No border radicalement opposé aux politiques de contrôle de l’immigration, et forces de l’ordre. Deux d’entre eux interpellés lundi seront jugés en comparution immédiate mercredi à Boulogne-sur-Mer. Mardi, la suite des travaux s’était toutefois réalisée dans le calme. La zone sud de la «jungle» compte entre 800 et 3.450 habitants selon les sources.

Le Quotidien/AFP