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Pour la Banque d’Angleterre, le Brexit pèse déjà sur l’économie britannique


L'entrée de la Banque d'Angleterre, le 31 juillet 2017 à Londres. (Photo : AFP)

La Banque d’Angleterre a abaissé sa prévision de croissance au Royaume-Uni pour 2017, mettant en avant les conséquences négatives sur la consommation et l’investissement des incertitudes entourant le Brexit.

L’institution n’a par conséquent pas touché à sa politique monétaire, en laissant inchangé son taux d’intérêt à 0,25%, a-t-elle annoncé jeudi, à l’issue de sa réunion. Elle ne modifie pas son dispositif mis en place il y a un an afin de contrer les effets du vote pour le Brexit et éviter toute sortie de route de l’économie. La BoE se montre un peu plus pessimiste sur l’évolution prochaine de la croissance économique dans le pays, ce qui l’a conduit à abaisser sa prévision à 1,7% pour 2017, contre 1,9% précédemment. Les attentes pour 2018 ont également été revues à la baisse à 1,6% contre 1,7% précédemment.

La hausse du produit intérieur brut (PIB) a connu un net coup de frein au premier trimestre, à 0,2% par rapport au trimestre précédent. La croissance s’était très légèrement raffermie à 0,3% au deuxième trimestre. Le flou entourant le Brexit «pèse sur les décisions des entreprises et des ménages et pénalise à la fois la demande et l’offre», a constaté Mark Carney, gouverneur de la BoE lors d’une conférence de presse. Il en a profité pour rappeler qu’une transition en douceur vers la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne était souhaitable, alors que les négociations avec Bruxelles ont tout juste commencé et doivent durer deux ans.

Selon la BoE, les incertitudes sur le Brexit commencent à peser sur les investissements des entreprises, qui jouent de prudence avant d’y voir plus clair sur l’avenir du pays en dehors de l’UE. L’institution relève également que la croissance est pénalisée par la baisse du pouvoir d’achat des ménages, du fait d’une inflation élevée. «Les ménages ont d’abord ignoré les incertitudes liées au Brexit, mais plus récemment, alors que les conséquences de la chute de la livre se sont manifestées dans les magasins et ont pesé sur les revenus réels, ils ont réduit leurs dépenses, affectant l’économie», a expliqué M. Carney.

Resserrement monétaire moins probable

La BoE s’attend à ce que l’inflation atteigne 3% en octobre, en raison de la baisse de la livre observée depuis le vote pour le Brexit en juin 2016 et qui a pour effet de renchérir le coût des biens importés. Elle n’a pas modifié ces attentes concernant la hausse des prix attendue à 2,8% au quatrième trimestre 2017 et 2,4% pour la même période de 2018. La décision de maintenir les taux a été validée par six membres du comité de politique monétaire, deux s’étant prononcés pour un relèvement de 0,25 point de pourcentage. L’écart s’est agrandi entre les deux camps puisqu’il y a un mois le statu quo ne l’avait emporté que par 5 voix contre 3.

Il faut dire que le mandat de Kristin Forbes, qui s’était prononcée pour une hausse lors de la réunion précédente, est arrivé à son terme. Sa successeur, Silvana Tenreyro a voté pour le maintien des taux. Ce changement dans la répartition des votes laissait penser aux marchés que l’hypothèse d’une hausse des taux prochaine devenait moins probable. En conséquence, la livre s’affaiblissait assez nettement face au dollar et à l’euro. La devise britannique revenait au plus bas depuis novembre 2016 face à la monnaie européenne. «Avec une croissance des salaires sous les 2% cette année et des entreprises prudentes sur l’investissement, nous pensons toujours que la Banque d’Angleterre ne devrait pas augmenter ses taux cette année», estime James Smith, économiste chez ING.

Enfin, cette réunion de la BoE s’est tenue alors que le personnel de maintenance, d’accueil et de sécurité de l’institution mène depuis mardi une grève de trois jours pour réclamer des hausses de salaires. M. Carney a jugé que la situation était «regrettable» mais a assuré que la direction de la Banque était prête à reprendre les discussions à tout moment.

Le Quotidien/AFP