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Le portrait du jeudi – Thierry Hubsch hors des sentiers battus


Thierry Hubsch, ici mardi au lieu-dit «Gantenbeinsmühle», prendra part cet été à différentes épreuves comme celle du Glockner-Trail (50 km) en Autriche. (Photo Julien Garroy)

Thierry Hubsch, quatre fois champion national de trail et ambassadeur de Fairtrade-Luxembourg, a trouvé sa voie. Rencontre avec un homme apaisé.

Mâchoire taillée à la serpe et regard noir intense, son visage surmonté d’une chevelure épaisse couleur de jais ne trahit aucune émotion. Parfois, on croit en deviner l’une ou l’autre à sa manière de regarder ailleurs. À ses coups d’œil furtifs vers l’extérieur. Une manière de s’enfuir. D’échapper au regard de l’autre. Par pudeur. Et quand Thierry Hubsch ne s’échappe pas, il plante son regard dans le vôtre pour ne plus le lâcher.

Comme à l’évocation d’un paternel qui se sépara de Marianne, sa mère, alors qu’il n’avait que trois ans. Enfant, il dit ne l’avoir quasiment jamais vu. Et quand il est réapparu, en 2005, en marge d’un championnat national, le charme n’a pas opéré. «On a discuté. Mais même si c’est mon père biologique, c’était un inconnu…» Finalement, il ne donnera pas suite à cette relation et affirme aujourd’hui ne pas savoir ce qu’est devenu cet homme qui n’aura donc fait que passer. «De toute manière, mon père, c’est Lucien. Lucien Hubsch. Le mari de ma mère. Il m’a adopté et je porte son nom.»

Un nom qui, depuis près de 15 ans, est devenu incontournable dans le monde de la course à pied au Grand-Duché. Au point de figurer au palmarès de 16 épreuves nationales. Dans quatre disciplines : duathlon, athlétisme, cross-country et trail. Un patronyme qu’il s’évertue donc à porter bien haut. Depuis 2010, un peu plus haut encore puisqu’il s’est découvert une passion pour les sommets. C’était lors de vacances d’été passées dans les Pyrénées françaises. En feuilletant la presse locale, il découvre l’existence du championnat du Canigó et s’intéresse de plus près à cette épreuve longue de 34 km, et plus généralement à une discipline en vogue pratiquée par des coureurs avides de grands espaces.

De retour au Luxembourg, il s’inscrit à l’Äischdall-Trail. Et s’y impose. La même année, son unique expérience sur marathon à Echternach (2h49) le convainc définitivement de tourner le dos au bitume. «C’est comme si un blocage avait disparu…» Quant à la piste, il n’y retourne que pour ses séances de fractionné. Du tartan, il en a bouffé pendant des années. Et pas qu’un peu, frôlant parfois l’indigestion.

Justin Gloden, son entraîneur entre 2004 et 2006 au Celtic Diekirch, se souvient d’un gros bosseur et glisse une anecdote datant de 2005, et de la présidence par le Luxembourg du Conseil de l’Union européenne, reflétant le sérieux du personnage : «Pour son métier, dans un hôtel je crois, Thierry avait monté la garde, debout durant 15 heures sans quasiment bouger. Le soir, il arrive à l’entraînement. Je lui dis qu’on va modifier la séance. Qu’il est trop fatigué pour faire celle prévue initialement. Et là il me répond : Non, Justin. On fait ce qui est prévu ! Et il a fait sa séance de fractionné. Un 10 x 1000 m !»

Charles Michel

Portrait à lire en intégralité dans Le Quotidien papier de ce jeudi.