Marc Thomé, entraîneur du FC Differdange 03, n’est pas si détaché qu’on le croit de sa fonction de coach. Et il n’est pas étranger, loin de là, au superbe parcours de ses joueurs qui reviennent encore, dimanche, en finale de la Coupe de Luxembourg, face au F91.
Il y en a au pays, et ils sont nombreux, qui se demandent encore, plusieurs années après sa disparition, ce qu’est devenue l’une des moustaches les plus célèbres du football local. Ceux-là ont droit à une réponse : elle a sombré corps et biens, rasée par le pirate que Marc Thomé rêvait d’incarner lors des désormais célèbres fêtes de carnaval de l’US Rumelange. «Je voulais me dessiner un bouc au crayon et finalement, cela ne m’allait pas trop mal donc j’ai gardé. Et puis ça m’a évité de finir par ressembler à Dan Theis ou Paul Philipp !»
Cette moustache avait pourtant une trentaine d’années d’existence et une raison d’être toute adolescente. Elle ornait le sourire patelin de l’actuel coach du FC Differdange 03 depuis ses 18 ans parce que «toutes les stars de Bundesliga de l’époque en avaient une». À l’époque, ses idoles sont pourtant les glabres Günter Netzer et Allan Simonsen, stars du grand Mönchengladbach outsider de l’encore plus grand Bayern Munich. «Je préférais l’équipe qui terminait 2e mais qui jouait du beau football.»
Attention, on tient là l’un des nœuds de l’existence de Marc Thomé avec ou sans moustache, qui s’apprête à disputer la finale de la Coupe de Luxembourg, dimanche, contre le F91, à la recherche de son deuxième trophée personnel : outsider, oui, deuxième, souvent… mais toujours avec un certain panache et ce côté assumé des losers magnifiques. Ne dit-il pas aujourd’hui, en se retournant sur sa carrière en haussant les épaules, qu’il est un peu «le Poulidor du football grand-ducal»? «Mais ne le dites pas à Fabrizio Bei (NDLR : le président differdangeois) ou il va me virer !»
Quand il fait le compte, il n’y peut rien, la réalité le fait gentiment sourire : «J’ai terminé six fois deuxième de Division nationale.» Comme joueur. On ne compte pas sa place de dauphin de cette saison avec son FCD03, qui porte à sept le nombre de ses «places du con» : ça ferait procès à charge.
Or il n’y a pas de quoi puisqu’il suffit de se remémorer son parcours de milieu de terrain extrêmement polyvalent («Milieu de terrain offensif, j’ai débuté avant-centre au Portugal avec la sélection et j’ai même joué arrière droit face à Évariste Kabongo qui ne m’a pas passé une seule fois») pour se rendre compte qu’il ne l’a pas fait exprès, de ne pas se forger de palmarès à la hauteur de ce qu’il aurait dû ou pu être : une fois dauphin avec la Jeunesse, une fois avec le F91 et quatre fois avec Grevenmacher.
Que des équipes qui ont été sacrées un peu avant ou un peu après lui, mais jamais avec. Un seul trophée donc, dans l’armoire à souvenirs mais l’un des plus beaux, historiquement : la Coupe de 1995, disputée sur deux matches avec le CSG face à la Jeunesse (1-1, 3-2) devant 13 000 spectateurs cumulés et alors que la Vieille Dame venait, en championnat, de coiffer le club mosellan grâce à un meilleur goal-average. Pour un gars qui avait entamé sa carrière à l’âge de 16 ans (une évidence de nos jours mais un truc exceptionnel dans les années 80), c’était le minimum et un appel à se rattraper en tant que coach.
Julien Mollereau
Portrait à lire en intégralité dans Le Quotidien papier de ce jeudi