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Popularité record pour Hollande et Valls après les attentats


Salués pour leur gestion de la crise terroriste, François Hollande (+21) et Manuel Valls (+17) enregistrent des gains sans précédent de popularité. Une embellie exceptionnelle mais sans doute pas durable.

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Le couple exécutif a été omniprésent depuis le 7 janvier. Faisant preuve d’empathie et d’une réactivité qui lui ont valu des sondages flatteurs. (Photos : AFP)

Le rebond du président est d’autant plus frappant que sa cote de popularité se situait jusqu’ici à un plancher historique. Le couple exécutif a été omniprésent depuis le 7 janvier et l’attentat jihadiste qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Empathie et réactivité qui lui ont valu des sondages flatteurs émanant de divers instituts : BVA, Odoxa, CSA…

Publiée lundi, une enquête Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio marque cependant une rupture qui devrait être confirmée par Ipsos mardi, selon plusieurs sources. Selon Ifop, le chef de l’État gagne en un mois 21 points d’approbation de son action, et le Premier ministre 17, ce qui le rehausse à 61%. François Hollande retrouve 40% de popularité, niveau dont il avait décroché depuis décembre 2012 pour une descente aux enfers qui l’avait fait toucher un plus bas de 18%, selon Ifop.

Mais c’est surtout un rebond inédit dans l’histoire des enquêtes effectuées par le doyen des instituts de sondage, Ifop, qui réalise des baromètres depuis 1958. « Phénomène rarissime », commente Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut. « Le seul cas analogue est François Mitterrand gagnant 19 points de satisfaction au moment de la guerre du Golfe entre janvier 1991, quand il déclare que les armes vont parler, et la prise de Koweït City en mars ».

Pour l’UMP, il ne s’agit cependant que d’une « bulle spéculative qui, comme toutes les bulles spéculatives, a vocation à éclater quand on reviendra dans une période plus classique » avec, au premier plan, « les questions économiques et sociales, comme le chômage ».

« Hollande, Valls et Cazeneuve montent spectaculairement dans les sondages, propulsés par une semaine de monopole médiatique. Bêê bêê bêê… », a tweeté pour sa part Jean-Marie Le Pen (FN).

L’Élysée la joue modeste. « Le président n’en a pas parlé à ses proches collaborateurs réunis comme chaque lundi matin », assure l’un d’eux. Le chef de l’État, ajoute-t-on, attend quoi qu’il en soit « de l’exécutif, de la persévérance, du travail de l’abnégation » et se sait « attendu avant tout sur la question des résultats économiques et sociaux et sur sa capacité à susciter une confiance dans l’avenir ».

Le sondage est toutefois riche de surprises : le chef de l’État empoche logiquement 30 points chez les sympathisants socialistes, mais pour la première fois, il gagne du terrain — et beaucoup — chez les partisans de l’UMP (+16) et du FN (+17). Il coche toutes les cases : +13 points en un mois pour la défense des intérêts de la France à l’étranger, +12 pour la vérité dite aux Français, autant pour la proximité… Même le domaine économique et social est concerné, avec +7 points de confiance par rapport à novembre, bien qu’aucun indicateur économique n’ait entre-temps porté à l’optimisme, avec notamment une hausse continue du chômage.

> « Le Hollande bashing, c’est fini »

Les Français étaient 14% à souhaiter sa réélection. Ils sont 23% après la période récente. Pas terrible, mais quand même +9. Autre élément historique : Manuel Valls, qui n’était pas autant descendu dans les abysses des sondages, mais avait connu une notable érosion d’approbation, se retrouve à 61%. En avril 2014, il était à 58% et était tombé à 44%. « Les Français ont vu en lui un homme d’État », selon Frédéric Dabi, près d’une semaine après le discours, unanimement salué, du Premier ministre à l’Assemblée.

À la question « doit-il jouer un rôle important à l’avenir ? », les Français disent oui à 71% (+15 points). Et 42% (+13) estiment désormais qu’il est « capable de sortir » le pays « de la crise ». Embellie ou feu de paille ?

Pour Frédéric Dabi, « c’est une parenthèse qui va rester provisoire, car l’économie va revenir au galop et c’est au cœur des préoccupations » de l’opinion. De surcroît, « on est à une soixantaine de jours des Départementales qui vont refabriquer du clivage gauche-droite », ajoute le politologue.

Pour le politologue Thomas Guénolé, « avant les attentats, François Hollande n’était pas respecté en tant que président, y compris dans son propre camp. On en était à se demander : va-t-il finir le quinquennat ? Je pense que le Hollande bashing, c’est fini ». L’ex-ministre UMP Bruno Le Maire avertit cependant : « Si après la magnifique démonstration de liberté des Français, tout reprend comme avant — nos alliances diplomatiques, nos choix économiques, sociaux, les choix sur l’école et l’éducation — ce sera une gigantesque déception et un drame pour notre Nation. »

AFP