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Plomb de Notre-Dame : place à la décontamination du quartier


Les touristes ne peuvent plus accéder aux abords de la cathédrale, ni même aux commerces voisins. (photo AFP)

Un container jaune et des tuyaux viennent d’être déposés à proximité de la rue de la Cité, annonçant mardi matin le début du nettoyage du plomb des rues avoisinant Notre-Dame.

Au bout du quai du Marché neuf, un camion semi-remorque vient de repartir après avoir débarqué du matériel lourd : deux containers, d’énormes bidons en plastique sombre, des tuyaux, divers pompes et appareils… Trois policiers veillent à ce que les touristes ne franchissent pas les barrières, alors qu’un guide raconte bruyamment à un groupe espagnol huit siècles de l’histoire de la cathédrale et qu’une touriste asiatique demande dans un anglais hésitant si elle peut rejoindre le parvis, où l’on aperçoit les tentes blanches, à cinquante mètres de là. Également fermée par des barrières mardi matin, l’étroite rue du parvis de Notre-Dame.

Les travaux qui débutent s’étaleront jusqu’au 23 août. Ils ont été délimités en phases et en zones. Au total 10 200 m² environ doivent être décontaminés par divers procédés. Deux sociétés ont été chargées de mener ces interventions. Première phase : aspirer tout ce qui peut l’être sur l’asphalte de la rue de la Cité, puis un brossage avec un produit tensio-actif et enfin un rinçage à haute pression permettant une récupération immédiate des eaux par aspiration. La zone 2 concernera l’ensemble du parvis ainsi que l’angle de la rue d’Arcole et de la rue du Cloître.

Certains revêtements de diverses natures, autres que l’asphalte, nécessiteront des méthodes différentes de nettoyage. Pour le granit, la pierre ou encore le travertin, un gel désincrustant dépolluant sera badigeonné à l’aide d’une brosse. Après un temps de séchage de trois jours, le gel solidifié sera retiré. A la fin des opérations, un contrôle de leur efficacité devra encore être opéré.

Le début de très longs travaux

Mardi, sur la rue d’Arcole et sur l’étroite rue du Cloître, rien n’indiquait de prochains travaux imminents. Le long d’une grande palissade métallique clôturant le chantier de Notre-Dame, des touristes continuaient à déambuler en famille. Les boutiques avaient sorti au soleil leurs stands croulant de souvenirs.

L’incendie qui a en partie détruit la cathédrale le 15 avril a, d’une part, fait fondre et s’écouler, et d’autre part, libéré sous formes de particules les centaines de tonnes de plomb contenues dans la charpente de la flèche et la toiture. La Ville de Paris a été critiquée par plusieurs associations pour n’avoir pas révélé l’étendue de la contamination et pris trop tard des mesures de précaution. Suspendu fin juillet en raison de la nécessité d’évaluer ces risques, le gigantesque chantier de sauvetage de Notre-Dame proprement dit devrait reprendre le 19 août. Il s’agira notamment de mettre en place les équipements de protection des employés des entreprises qui interviennent sur place, des charpentiers aux tailleurs de pierre. Des douches, des procédures très strictes d’équipements et de décontamination à chaque sortie du chantier sont prévues.

Ce sera progressivement, peut-être en septembre seulement, qu’il reprendra à plein régime, alors que la première phase, la sécurisation et la consolidation n’est pas encore achevée. Il faudra notamment terminer le renforcement avec des cintres des arc-boutants de la cathédrale, cette fois-là au-dessus de la nef. Une fois cette phase achevée, resteront à déterminer : la nature des travaux, les matériaux, les sociétés retenues, la reconstruction ou non de la flèche à l’identique et le concours d’architectes qui doit le déterminer, la construction d’une cathédrale éphémère sur le parvis pour les fidèles et les touristes, etc. Les cinq ans promis par le président Emmanuel Macron pour la reconstruction de la cathédrale « plus belle qu’avant » seront décidément difficiles à tenir.

LQ/AFP