Marine Le Pen s’est insurgée jeudi contre un examen psychiatrique ordonné par la justice dans le cadre de l’enquête la visant pour avoir diffusé des photos d’exactions de Daech sur Twitter, une expertise pourtant prévue par la procédure pénale.
« C’est proprement hallucinant. Ce régime commence vraiment à faire peur », a écrit sur son compte Twitter la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN), qui a rendu elle-même publique cette mesure, en joignant à son message l’ordonnance prévoyant cet examen.
C’est proprement HALLUCINANT. Ce régime commence VRAIMENT à faire peur. MLP pic.twitter.com/WCX6WBCgi4
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 20 septembre 2018
Sollicité, le parquet de Nanterre a rappelé que Marine Le Pen avait été mise en examen pour « diffusion de message violent susceptible d’être vu ou perçu par un mineur », un délit réprimé à l’article 227-24 du code pénal. Pour ces infractions, la loi impose que les personnes poursuivies soient soumises à une expertise médicale – selon l’article 706-47-1 du code de procédure pénale.
Datée du 11 septembre, l’ordonnance demande de procéder à un examen psychiatrique de Marine Le Pen « dans les délais les plus brefs ». Cet examen vise notamment à vérifier « si elle est en mesure de comprendre les propos et de répondre aux questions » et si « l’infraction reprochée au sujet est en relation avec des éléments factuels ou biographiques de l’intéressé ». Marine Le Pen est poursuivie pour avoir tweeté le 16 décembre 2015 trois photos d’exactions de Daech, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu’elle accusait d’avoir « fait un parallèle » entre Daech et le FN.
« Persécutée » par les juges
Ces images, qu’elle accompagnait des mots « Daech, c’est ça », montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.
« Je croyais avoir eu droit à tout : eh bien non ! Pour avoir dénoncé les horreurs de Daech par tweets, la ‘justice’ me soumet à une expertise psychiatrique ! Jusqu’où vont-ils aller ?! « , a encore tweeté la finaliste de la présidentielle en 2017.
Dans les couloirs de l’Assemblée, la députée a affirmé qu’elle ne se rendrait « bien entendu » pas à cet examen, ajoutant : « J’attends de voir comment le magistrat entend m’y contraindre ». Dans les faits, quand une personne refuse de se soumettre à cet examen, l’expert se borne à constater son absence, la justice n’ayant pas de moyens coercitifs en la matière. Cette mesure relève d’une dictature, selon Marine Le Pen. « Dans les régimes totalitaires c’est une des méthodes qui est utilisée contre les opposants ».
A sa suite, le député RN Bruno Bilde a cité « l’URSS, la Chine sous Mao » et « la Roumanie sous Ceausescu ». « Ça commence à faire beaucoup, les tentatives pour nous ruiner, les affaires qui sont créées de toute pièce », a ajouté la députée du Pas-de-Calais, qui s’estime « persécutée » par les juges. Le RN conteste la saisie d’une aide publique par la justice, qui enquête sur des emplois fictifs du parti au Parlement européen. Son allié italien et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini lui a exprimé son soutien. Il s’est dit sur Twitter « solidaire avec elle et avec les Français qui aiment la liberté ».
Una procura ordina una #periziapsichiatrica per Marine Le Pen. Non ho parole!
Solidarietà a lei e ai francesi che amano la libertà! @MLP_officiel #LePen pic.twitter.com/Oh0kWmY23h— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 20 septembre 2018
LQ/AFP