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Pétrole : l’Opep va prolonger son effort de baisse de production


Le siège de l'OPEP à Vienne le 24 mai 2017. (Photo : AFP)

L’Opep et ses partenaires, dont la Russie, qui se réunissent jeudi à Vienne, devraient prolonger jusqu’en mars 2018 leurs quotas de production de pétrole, mais cet effort pour réduire les stocks mondiaux et peser sur les prix se heurte au dynamisme de l’offre américaine.

Dans une décision historique, les treize membres du cartel mené par l’Arabie Saoudite s’étaient engagés en novembre 2016 à limiter leur production, entraînant dans ce mouvement onze pays producteurs extérieurs à l’organisation, dont la Russie.

Ce pacte était valable jusqu’au 30 juin mais aucun doute ne subsiste sur la volonté de l’Opep et ses partenaires de prolonger leur effort, car l’accord de 2016 n’a pas véritablement rempli son objectif de soutenir durablement les prix du brut et d’éliminer l’excédent d’offre. Depuis l’accord, le baril évolue dans une fourchette comprise entre 45 et 55 dollars à New York, alors qu’il était tombé jusqu’à 26 dollars en février 2016, mais sans certitude pour l’avenir.

Selon le comité de suivi de cet accord, qui a fait le point mercredi à Vienne, les engagements de production des pays Opep et non-Opep ont été respectés à plus de 100% en avril, mais le comité recommande de prolonger les quotas pour une durée de neuf mois afin d’atteindre le rééquilibrage désiré. Ce sera l’objet des réunions de jeudi dans la capitale autrichienne.

Un accord russo-saoudien

Cette prolongation a été mise sur la table par l’Arabie Saoudite et la Russie, poids lourds du secteurs, seuls pays avec les États-Unis à dépasser les 9 millions de barils par jour. Aucun des producteurs engagés dans l’accord, inquiets de l’instabilité des prix du baril, ne s’oppose publiquement à ce projet.

«Nous sommes très content de limiter notre production pour neuf mois supplémentaires», a affirmé mercredi Jabbar al-Luaibi, ministre irakien du Pétrole, devant des journalistes à Vienne. Son pays avait dans un premier temps renâclé à une reconduction de plus de six mois, poussant le ministre de l’Energie saoudien, Khaled al-Faleh, à se rendre en début de semaine à Bagdad pour convaincre du bien fondé de la mesure.

Les marchés espèrent plus

Mais les marchés restent prudents sur l’efficacité d’une nouvelle limitation de production dans un contexte de réserves mondiales gonflées par la production américaine d’huiles de schiste.

«Une prolongation des baisses encouragerait la production américaine de pétrole de schiste. D’ailleurs, l’Opep elle-même a dû revoir à la hausse ses prévisions de production américaine quatre fois, ont rappelé les analystes de Capital Economics dans une note. Ils estiment cependant qu’un nouvel effort de l’Opep permettrait, à fin 2017, de ramener les réserves mondiales à leur moyenne des cinq dernières années.

Le pétrole de schiste profite d’un cycle de production plus court, et les entreprises américaines sautent sur les hausses de prix créées par les baisses de l’Opep pour extraire à plein régime. Les analystes de PVM n’excluent pas, à l’issue de la réunion de Vienne, «une surprise positive pour les prix, comme des objectifs de réduction plus élevé» si davantage de producteurs se joignaient à l’accord.

Au premier semestre, la Libye et le Nigeria avaient ainsi été exemptés d’une limitation, les perturbations géopolitiques entravant déjà leur capacité pétrolière. «Il n’y a rien de nouveau les concernant dans l’accord (tel que discuté actuellement, ndlr)», a cependant affirmé le ministre équatorien des Hydrocarbures, Carlos Pérez, tablant sur une reconduction de l’exonération dont bénéficient ces pays.

En 2014, l’Opep avait opté pour une stratégie risquée consistant à inonder le marché d’or noir pour évincer ses concurrents, notamment américains. Mais cette politique avait provoqué une dégringolade spectaculaire des prix, sans durablement affaiblir les producteurs de pétrole de schiste. Acculées en raison de la saignée budgétaire causée par la baisse des cours, les pétromonarchies et la Russie avaient décidé de fermer les vannes. L’accord de fin 2016 porte sur une baisse globale de 1,8 million de barils par jour.

Le Quotidien/AFP