L’ONG Générations Futures a mis en ligne jeudi une carte de France compilant environ 200 témoignages d’agriculteurs ou de riverains de propriétés agricoles, victimes avérées ou présumées de pesticides.
L’objectif de cette initiative est de « rendre visibles les victimes de pesticides et qu’ensuite, on prenne des mesures de protection vis-à-vis de ces populations », précise une responsable de l’ONG, Nadine Lauverjat. « Toutes les zones de France en culture intensive sont touchées. » Sur le site de Générations Futures, il suffit de cliquer sur la carte pour avoir accès aux témoignages, écrits ou en vidéo, validés par leurs auteurs.
La plupart des témoignages proviennent de riverains qui s’expriment anonymement. Ils font état de problèmes de santé plus ou moins graves ou de conséquences sur leurs cultures qu’ils imputent aux pesticides. Deux cas se sont signalés non loin de la frontière luxembourgeoise, dont celui de cette dame affirmant que son mari, « lors d’une récolte, a eu d’inquiétantes irruptions cutanées constatées par médecins et spécialistes. Après enquête de la mairie de Metz, nous avons su que les pesticides employés par le cultivateur en était la cause ».
« Un trouble du voisinage anormal »
Tous les dires tendent à décrire des ravages similaires sur la santé et l’environnement. « Des centaines d’abeilles sont mortes et gisent devant la planche d’envol, s’agit-il de pesticides ? », se demande cet homme. Une autre personne explique « nous ressentons des problèmes respiratoires, des irritations et des démangeaisons. Mon père est décédé d’un lymphome ».
Des exploitants et salariés agricoles abondent ces propos. L’état de santé de certains a été reconnu maladie professionnelle ou est en cours de reconnaissance. Chose qu’ « aujourd’hui, on obtient assez facilement », confirme un avocat spécialisé dans ces dossiers. Quant aux riverains, ils peuvent agir en justice notamment en invoquant « un trouble du voisinage anormal », fait savoir l’avocat.
Générations Futures a annoncé par ailleurs lancer « une coordination nationale d’organisations locales de soutien aux victimes ». L’ONG réclame notamment la création d’ « une zone tampon minimale de 100 mètres sans pulvérisations à proximité de tous les lieux de vie », l’interdiction des pulvérisations aériennes sur tout type de culture et celle de « tous les pesticides dangereux pour la santé et l’environnement ».