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Pesticides : la France imposera des « zones de non traitement »


L'utilisation des pesticides est au cœur d'un vif débat en France. (illustration AFP)

L’État imposera des « zones de non traitement », où l’épandage de produits phytosanitaires sur les cultures sera interdit, si riverains, élus et agriculteurs n’arrivent pas à se mettre d’accord pour établir ensemble des « chartes » territoriales d’épandage, a prévenu le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume jeudi.

« Nous mettons en place des chartes départementales, des chartes territoriales dans lesquelles les riverains, les agriculteurs, les élus, sous l’autorité du préfet, doivent se mettre d’accord pour les zones d’épandage. S’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, alors nous mettrons en place ce qu’on appelle des zones de non traitement. Le conseil d’État nous l’a demandé » a déclaré le ministre sur CNews jeudi matin. Le ministre n’a pas indiqué quelles étaient les limites dans le temps pour cet exercice de démocratie locale.

« Si au bout d’un champ, il y a un mur ou une haie, il n’y a pas de problème pour continuer à épandre, même si nous voulons sortir des pesticides » a-t-il indiqué, en évoquant par ailleurs, de manière très floue, la possibilité d’une zone de « deux » à « cinq » mètres autour des habitations.

Les conversions en bio progressent

Ces propos répondent au vif débat en cours en France sur le sujet. Le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), qui a tenté de prendre un arrêté interdisant l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres de toute construction, s’est fait retoquer par la justice administrative. D’autres élus locaux tentent de réglementer les conditions d’usage de ces produits. Après le président Emmanuel Macron qui a déclaré le soutenir « dans ses intentions », la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a affirmé mardi partager « totalement la préoccupation du maire de Langouët » et annoncé qu’un projet de réglementation était à l’étude pour instaurer une « zone minimale entre les épandages et les habitations ».

Le principal syndicat agricole FNSEA s’est, lui, prononcé pour des solutions « au cas par cas » plutôt qu’une stricte délimitation imposée par l’État, qui réduirait la surface agricole utile et ainsi les revenus des agriculteurs français, déjà passablement fragilisés. « La plupart du temps ce n’est pas l’agriculture, l’arboriculture, la viticulture qui s’est approchée des villages, ce sont les lotissements qui ont poussé et qui sont allés s’implanter au milieu des champs » a noté Didier Guillaume. Le ministre a par ailleurs salué la multiplication des conversions d’exploitations en agriculture biologique : « 6 000 agriculteurs en plus cette année, nous sommes à 7,5% de la surface agricole utile en bio », a-t-il dit en rappelant l’objectif de 15%. « Nous allons y arriver ».

LQ/AFP