Une perquisition a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi à la mosquée Sunna de Brest, a indiqué la préfecture du Finistère, une mosquée où exerce l’imam salafiste Rachid Abou Houdeyfa, dont les vidéos aux propos intégristes ont plusieurs fois fait polémique sur les réseaux sociaux.
Cette perquisition administrative, annoncée par le quotidien Le Télégramme vendredi à l’aube, a commencé à 03h00 et s’est terminée à 06h00, à la mosquée du quartier de Pontanézen à Brest, a précisé le préfet du Finistère Jean-Luc Videlaine.
«On fait des vérifications», a-t-il dit, mais «personne n’a été interpellé». Le préfet n’a cependant pas voulu confirmer d’éventuelles saisies. Quatre autres perquisitions administratives ont été réalisées dans le Finistère la nuit précédente, mais celle de vendredi est sans lien «autre que chronologique» avec celles-ci, a-t-il souligné.
En tout, plus d’une centaine de membres des forces de l’ordre ont été déployés sur place pour l’opération, dont des CRS et des gendarmes mobiles. Peu après 8h30, au lever du jour vendredi, plus aucune force de police n’était visible sur place. Il y avait de la lumière dans la mosquée mais personne n’ouvrait la porte, selon un correspondant de l’AFP sur place.
Une perquisition «s’est déroulée en présence d’un membre de l’association et dans un respect total du lieu du culte sans aucun incident à déplorer», ont indiqué les responsables de la mosquée dans un communiqué publié sur la page de l’imam Houdeyfa. «Nous tenons à préciser que rien n’a été relevé ni récupéré comme éléments condamnables».
«Par ailleurs, nous rappelons la communauté musulmane à la plus grande sérénité et à la collaboration avec les autorités pour le bien-être et la sécurité de nos concitoyens. C’est ainsi que les amalgames et les calomnies seront dissipées et la confiance mutuelle restaurée», ajoute le communiqué qui précise que la mosquée Sunna reste ouverte et que la prière du vendredi y aura bien lieu.
L’imam salafiste avait pris dès samedi ses distances avec les attentats de Paris qui n’ont «rien à voir avec l’islam», avait-il assuré.
L’imam Houdeyfa expliquait dans une vidéo visible dimanche sur le site de la mosquée Sunna de Brest, «l’importance» pour les musulmans et les responsables religieux «de rappeler haut et fort, avec fermeté, clairement, sans ambiguïté, que ces actes n’ont rien à voir avec l’islam».
Dans ce message, le jeune prédicateur, très populaire sur la toile, qualifie les attentats survenus à Paris d’actes «inqualifiables» et «barbares», «commis par des terroristes».
Une vidéo, postée sur internet il y a plus d’un an, avait récemment provoqué une polémique. Dans celle-ci, on voyait l’imam expliquer à des enfants que «la musique fait naître le mal, l’hypocrisie, les choses mauvaises». «Celui qui écoute de la musique (…) il y a un risque qu’Allah le transforme soit en porc soit en singe», assurait-il dans cette vidéo, retirée d’internet à la suite de la polémique.
Face à l’avalanche de réactions provoquées par ces propos, l’imam, qui poste régulièrement des vidéos de ses prêches, avait affirmé sur son site que ses «propos concernant la transformation portaient sur une métaphore» et n’étaient «pas à prendre au premier degré».
Les attentats de vendredi soir au Bataclan, où se tenait un concert de rock, au Stade de France et dans plusieurs bars et restaurants parisiens, ont fait 129 morts. Plusieurs centaines de perquisitions administratives, ordonnées sans passer par l’autorité judiciaire dans le cadre l’état d’urgence, ont eu lieu en France depuis les attentats.
AFP/M.R.