Le candidat de la droite à la présidentielle en France François Fillon, englué dans des soupçons d’emplois fictifs de son épouse, se dit déterminé à poursuivre sa campagne malgré les divisions croissantes de son camp, alimentées chaque jour par des révélations de presse.
« Je n’ai jamais été l’assistante de mon mari ». Cette phrase, prononcée par Penelope Fillon, dans un entretien filmé en 2007 et exhumée par des journalistes de la chaîne de télévision publique France 2, est venue jeudi nourrir la polémique sur la réalité des activités de celle qui dans le même entretien se présente comme « une paysanne ».
Dans des extraits qui seront diffusés jeudi soir dans « Envoyé Special », Mme Fillon dit aussi ne pas s’être « occupée de communication non plus », selon Elise Lucet, corédactrice en chef de cette émission d’enquête.
D’autres médias comme le journal Le Monde ou le site Mediapart distillent aussi des informations sur les activités lucratives de consultant de M. Fillon qui a créé une société « 2F » en 2012, juste avant d’être élu député de Paris.
« Les évènements et les faits s’accumulent tous les jours » et « ça jette le doute », résume le député Philippe Gosselin qui s’emploie à convaincre le maire de Bordeaux, Alain Juppé, défait au second tour de la primaire de la droite en novembre, de revenir dans la course à la magistrature suprême.
L’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkoy (2007-2012), décidé à aller « jusqu’au bout » de sa campagne présidentielle, a programmé jeudi des déplacements dans des villages du nord-est de la France.
A droite, ils sont cependant de plus en plus nombreux à s’interroger ouvertement sur le choix d’un autre candidat pour remplacer François Fillon.
« Nous sommes un peu l’orchestre du Titanic, nous sommes en train de couler », s’est alarmé jeudi le député Georges Fenech, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy. « Le résultat des primaires (de la droite) est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible » des accusations portées à l’encontre de François Fillon, a-t-il ajouté, estimant la situation « très compromise ».
Selon un sondage publié jeudi, les partisans du parti de droite Les Républicains maintiennent à 58% leur confiance au vainqueur de la primaire de la droite. Mais les sympathisants de la droite et du centre, un électorat plus large, sont plus partagés: seuls 50% sont pour son maintien. Et près de sept Français sur dix (69%) souhaitent qu’une autre personnalité remplace François Fillon comme candidat, selon ce sondage.
« Cette affaire Fillon, je ne suis pas sûr qu’elle aurait eu la même résonnance il y a une dizaine d’années. Elle est d’autant plus forte qu’elle se situe dans un contexte où la défiance envers le monde politique a atteint des sommets », décrypte le politologue Jean Garrigues, auteur d’un ouvrage titré « Elysée Circus ».
François Fillon, favori il y a encore quelques semaines pour emporter la présidentielle, serait désormais éliminé dès le premier tour de l’élection prévu en avril, selon un autre sondage qui le classe derrière la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (27%) et le centriste Emmanuel Macron (23%).
Visée aussi par des soupçons d’emploi fictif concernant une assistante payée par le Parlement européen pour effectuer d’autres tâches, Marine Le Pen a affirmé jeudi qu’elle resterait candidate à la présidentielle coûte que coûte.
L’enquête concernant le couple Fillon vise à déterminer la réalité des activités de l’épouse qui lui ont permis, selon l’hebdomadaire satirique Canard Enchainé, de toucher environ 900.000 euros bruts entre 1988 et 2013. Penelope Fillon a perçu ses salaires en tant qu’assistante parlementaire de son mari puis de son suppléant et comme collaboratrice d’une revue littéraire.
Le Quotidien / AFP