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Penelope Fillon à son tour mise en examen


L'épouse du candidat de la droite François Fillon a été mise en examen pour "complicité et recel de détournement de fonds publics", "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et "recel d'escroquerie aggravée". (photo AFP)

A moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, Penelope Fillon a été mise en examen mardi dans l’enquête sur ses possibles emplois fictifs, une affaire qui empoisonne la campagne de son mari lui-même mis en examen.

A l’issue d’une audition au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, qui a duré plusieurs heures, d’après une source proche de l’enquête, l’épouse du candidat de la droite François Fillon a été mise en examen pour « complicité et recel de détournement de fonds publics », « complicité et recel d’abus de biens sociaux » et « recel d’escroquerie aggravée », selon une source judiciaire. Son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille, a noté que « les magistrats instructeurs ont décidé de mettre en examen Penelope Fillon, dans la logique d’une enquête et d’une instruction conduites exclusivement à charge, au mépris de la séparation des pouvoirs et de la présomption d’innocence, dans des délais de rapidité hors norme ». « Lorsque cette affaire sera examinée dans la sérénité et le respect des principes de droit, je maintiens que l’innocence de Penelope et de François Fillon sera reconnue », a ajouté Me Cornut-Gentille dans un communiqué diffusé par l’équipe du candidat à la présidentielle.

Alors que la date de l’audition de la discrète Galloise, âgée de 61 ans, était connue depuis plusieurs jours, le mystère a plané toute la journée : les nombreux journalistes présents devant le pôle financier ne l’ont aperçue ni à son entrée ni à sa sortie des locaux. Il s’agit de la troisième mise en examen dans cette affaire, après celles de François Fillon, le 14 mars, et de son ancien suppléant à l’Assemblée, Marc Joulaud, le 24 mars.

Au cœur de l’enquête : les contrats de Penelope Fillon – de 1986 à 2013 avec plusieurs interruptions – comme assistante parlementaire de son mari ou de Marc Joulaud, pour lesquels elle a été rémunérée au total 680 380 euros net, ainsi que son contrat à La Revue des deux mondes – entre mai 2012 et décembre 2013 – pour un salaire de 5.000 euros brut mensuels. Les juges d’instruction Serge Tournaire, Aude Buresi et Stéphanie Tacheau cherchent à savoir si ces emplois étaient effectifs. François Fillon a défendu vigoureusement la réalité du travail accompli par sa femme, affirmant qu’elle s’occupait de « tâches simples, mais essentielles », comme la gestion du courrier ou de l’agenda.

Fiche de renseignements

Les investigations portent aussi sur de possibles abus de biens sociaux alors que le propriétaire de La Revue des deux mondes, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, est un proche du candidat Les Républicains. Elles ont également été élargies par le parquet national financier notamment à des soupçons de faux et d’usage de faux et d’escroquerie aggravée. Les juges n’ont toutefois pas retenu les chefs de faux et d’usage de faux dans leur convocation adressée à Penelope Fillon, selon des sources proches du dossier. Les soupçons d’escroquerie aggravée visent des pièces retrouvées à l’Assemblée nationale, notamment une fiche de renseignements sur laquelle l’épouse du candidat a déclaré en juillet 2012 un travail mensuel à La Revue des deux mondes de 14 heures, d’après les sources proches du dossier. Les enquêteurs se demandent si ce chiffre aurait été minimisé pour respecter la limite légale du temps de travail cumulé quand elle était à la fois salariée par la revue littéraire et l’Assemblée de juillet 2012 à novembre 2013, deux emplois censés être à temps plein.

Le « Penelopegate » s’inscrit dans une campagne minée par les affaires judiciaires. La candidate du Front national Marine Le Pen est visée par des enquêtes également pour des soupçons d’emplois fictifs – mais au Parlement européen – et d’éventuelles fraudes sur le financement de campagnes électorales de son parti. Plus récemment, le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a dû démissionner le 21 mars, au lendemain de révélations sur des emplois à l’Assemblée octroyés à ses filles alors adolescentes.

Le Quotidien/AFP