La plus internationale des Fashions weeks, la semaine du prêt-à-porter femme s’ouvre lundi à Paris sur fond de manifestations des défenseurs des animaux au moment où le luxe s’efforce de réduire son impact environnemental.
Dans l’attente des défilés qui démarrent dans la soirée avec deux nouvelles marques, japonaise et coréenne, des militants de la PETA ont organisé lundi matin une manifestation sur le Champs de Mars avec pour fond la tour Eiffel pour inciter la mode à « larguer le cuir ». Des militantes se sont déversé sur la tête des seaux remplis de « boue toxique » noirâtre pour « rappeler aux acteurs de la mode du monde entier que le cuir est une sale affaire ».
« Nous voulons rappeler que l’industrie du cuir produit des déchets toxiques et dangereux et est responsable de la mort de plus d’un milliard d’animaux par an pour produire des accessoires et détruire la planète au passage », a déclaré Marie-Morgane Jeanneau, porte-parole de PETA France. L’association One Voice a de son côté lancé « en écho à la Fashion Week » une campagne contre les élevages de visons en France en dévoilant une vidéo sur les conditions de détention dans quatre des cinq fermes à vison de l’Hexagone avec des images d’animaux enfermés dans des cages exiguës et sales.
La réflexion écologiste devient de plus en plus incontournable pour les acteurs de la mode. Fin août, quelque 150 grandes maisons ont signé à l’occasion du G7 à Biarritz le « Fashion pact » en s’engageant à réduire leur impact environnemental, une initiative menée par le géant du luxe Kering qui possède notamment Saint Laurent et Balenciaga et à laquelle se sont joints Chanel et Hermès. La holding LVMH à laquelle appartient Dior n’a pas signé le pacte, mais la réflexion sur l’environnement et la mode durable sera le thème central du défilé qui aura lieu mardi, d’après des informations dévoilées par la maison sur Instagram.
Audace et provocation
La scénographie du défilé conçue en collaboration avec l’atelier de paysage contemporain Coloco est pensée comme un « jardin inclusif » peuplé de 160 arbres qui seront ensuite replantés sur plusieurs espaces à Paris. La jeune créatrice française Marine Serre pour qui la mode passe par le recyclage a baptisé « Marée Noire » son show prévu mardi matin. Lundi soir, la marque japonaise Mame Kurogouchi suivie de la coréenne Kimhekim, qui figurent pour la première fois sur le calendrier officiel, ouvriront le bal.
Pendant neuf jours, seront dévoilées soixante-quinze collections du prêt-à-porter femme printemps-été 2020. Ancien de Balenciaga, le Coréen Kiminte Kimhekim a dessiné une collection mélangeant le costume traditionnel coréen et l’uniforme, imposé aux lycéens dans son pays, au streetwear avec une touche de « provocation ».
L’actrice et icône de la mode Elle Fanning avait porté en août une robe Kimhekim rose transparente ceinturée d’un nœud gigantesque, la marque de fabrique du designer qu’on verra aussi lundi. Dans sa collection le designer revisite également la longue jupe traditionnelle coréenne, chima, fabriquée par des artisans à Séoul, en la superposant sur un jean et ajoutant une chemise blanche, un clin d’œil aux uniformes. Une partie de la collection est baptisée ironiquement « Buy it if you can » (achète ça si tu peux) comme une veste gigantesque associée à un pantalon deux fois plus long que d’habitude. « Certains disent que ce n’est pas portable, mais je m’en fiche, si vous pouvez, achetez ! », lance le créateur qui revendique le plaisir d’expérimenter.
La Japonaise Maiko Kurogouchi qui avait fait ses armes chez Issey Miyake, est connue pour des collections féminines et audacieuses mariant l’artisanat traditionnel à des techniques ultramodernes. « Nous, les designers, pouvons créer quelque chose de nouveau à partir du savoir-faire ancien et le transmettre à la génération suivante », souligne la créatrice sur son site. Le styliste coréen Rok Hwang clôture la journée de lundi avec sa marque Rokh basée à Londres et qui défile pour la deuxième fois à Paris avec le show intitulé « Field trip » (Promenade dans les champs).
LQ/AFP