Dans l’affaire des « Panama Papers », les banques luxembourgeoises apparaissent en première ligne des révélations d’évasion et de fraude fiscales à grande échelle. Au milieu du silence qui prévaut jusqu’ici au Luxembourg, les jeunes de Jonk Lénk ont écrit une tribune acerbe dénonçant le rôle et l’hypocrisie de la « Place » financière, avec la complicité de la classe politique. Nous la reproduisons ci-dessous.
« Mort à la place financière ! »
« Hommes et femmes d’affaires, hommes et femmes politiques, sportif-ve-s, criminel-le-s, criminel-le-s de guerre… Les « Panama Papers » illustrent encore une fois le confort avec lequel l’élite « globale » s’est installée dans le néolibéralisme. « Si l’économie va bien, tout le monde va bien », répète-t-on sans cesse. Mais la réalité en est une autre : sous les yeux de la politique mondiale, la richesse – qui ne provient pas des entreprises mais bien des ouvriers – est amenée dans des paradis fiscaux en passant à côté des fiscs nationaux. Le but des riches est de payer aussi peu de taxes que possibles et de blanchir l’argent récolté par des moyens criminels.
On tolère que les riches établissent des réseaux internationaux pour « s’épargner » des taxes, alors que les ouvriers et chômeurs, mais aussi les jeunes et les étudiant-e-s sont contraint – sous prétexte d’une « crise économique » – de se serrer la ceinture et que la politique d’austérité est responsable de situations inhumaines, et pas seulement en Grèce.
Ces deniers publics qui manquent dans les banques du monde entier ; ces deniers publics, avec lesquelles nous sommes censés financer des investissements nécessaires pour l’avenir, pour notre avenir. Ces deniers publics, qui représentent une contribution minimale à notre société, qui ont permis dans un premier temps aux riches de devenir ce qu’ils sont maintenant.
Comme l’ont prouvé les premières révélations sur les « Panama Papers », certains hommes et femmes politiques de différents partis sont aussi impliqués dans ces machinations louches. Même si aucuns noms de personnes luxembourgeoises ne sont tombés jusqu’à présent, il est tout de même clair que la place financière luxembourgeoise a eu – encore une fois- une place décisive dans ce réseau criminel international.
« La place financière luxembourgeoise est un lieu criminel »
Le Luxembourg a sa part de culpabilité dans l’exploitation de l’état social, de la démocratie et du futur qui sera décidé par une « élite » criminelles aux quatre coins du globe. Beaucoup d’avocat-e-s et conseillers financiers, dont quelques députés, y ont contribué pendant des années.
En tout cas, nous nous réjouissons des futures révélations, annoncés par l’ICIJ pour début mai, sur les hommes et femmes de l’ombre et les complices, où Luxembourg sera certainement cité.
Nous n’accepterons plus que Luxembourg soit le lieu de ces machinations criminelles des 1%. Nous demandons une explication du rôle du Luxembourg dans les affaires de Panama et une divulgation des noms de tous ceux qui ont été ou sont impliqués. Nous demandons un arrêt immédiat des pratiques louches qui servent à contourner les impôts à Luxembourg et le renoncement au « modèle luxembourgeois ». La place financière luxembourgeoise est un lieu criminel qui se lie avec la politique et qui est responsable pour la perte de milliards d’autres États.
Nous aimerons également confirmer notre soutien absolu au donneur d’alerte français Antoine Deltour et au journaliste Edouard Perrin pour le procès «Luxleaks» à venir. Nous espérons que la justice luxembourgeoise fera mieux son travail que la politique. Nous demandons finalement une protection inconditionnelle pour tous les donneurs d’alerte, qui dévoilent les manigances criminelles sur la place financière au Luxembourg. »
(Jonk Lénk)