Accueil | Actualités | Omar Er Rafik quitte le FCD03 : « J’ai tout donné et on m’a tout donné »

Omar Er Rafik quitte le FCD03 : « J’ai tout donné et on m’a tout donné »


Omar Er Rafik a reçu beaucoup d'amour dimanche soir. (photo Mélanie Maps)

Omar Er Rafik a fini lundi, après un dernier entraînement, sa «vie» differdangeoise. Direction le F91.

Le Quotidien : Comment on se sent, au moment de quitter un club qu’on a fréquenté pendant six ans? Déjà nostalgique ou excité à l’idée d’entamer autre chose?

Omar Er Rafik  : Après tant d’années, un peu nostalgique. C’est normal, c’est une histoire qui se ferme, une page qui se tourne. Dommage, j’aurais bien terminé sur une meilleure note.

Bah, vous finissez au moins meilleur buteur…

Ça n’est même pas une satisfaction. Je n’ai jamais été trop fan des distinctions individuelles, vous savez! Ce n’est pas représentatif. Nous, les attaquants, on a presque le boulot le plus facile. On est au bout, devant le but, pour finir le travail et être sous les feux des projecteurs.

Il n’empêche  : vous avez reçu beaucoup d’amour de la part du public, dimanche, pour votre dernière sortie au Parc des sports d’Oberkorn…

C’est sûr que quand tu as des fans comme ça, au fil des ans et des émotions, tu crées des liens. Pas qu’avec les fans, avec tout le monde au club d’ailleurs. Surtout quand tu n’as rien à te reprocher. J’ai tout donné et on m’a tout donné. Et arrive un moment où l’affectif prend le dessus sur le sportif.

Il y avait une banderole dans les gradins. « Un buteur s’en va, une légende reste ». Vous l’avez vue?

Ça m’a touché. Et Geoffrey Franzoni, qui est un fan du PSG, s’est foutu de moi. Il m’a dit « il n’y a qu’une légende et c’est Zlatan! ». Quand des gens en tribunes écrivent des trucs comme ça, c’est que tu les as touchés, que tu leur as donné quelque chose qui va rester. Franchement, ça m’a surpris d’avoir marqué les gens autant que ça.

Vraiment? Mais vous êtes quand même l’un des seuls joueurs du pays à avoir sa petite chanson personnelle…

Julien Weber me la chante encore, de temps en temps. Bah, ça restera de bons souvenirs…

Ce sera dur de s’en créer d’aussi beaux à Dudelange?

C’est le genre de choses qui se fait avec le temps. Ça va être dur, j’ai tout à reconstruire. En plus avec une équipe championne, ce sera un tout autre challenge. Moi, j’aurais aimé partir sur un titre. Finalement, on ne pensait pas être aussi proche…

Vous en avez eu marre d’être « tout proche »?

Je ne referai peut-être jamais plus des campagnes européennes comme celles que nous avons vécues avec Differdange. Mais il me manque un championnat et c’est au F91 que tu as le plus de chances d’en remporter un. J’ai peur d’avoir de l’amertume en fin de carrière si je n’ai pas soulevé au moins une fois le saladier. J’aimerais, dans dix ans, pouvoir dire à mon fils que j’ai fait ça.

Si Differdange remporte le titre devant le F91, la saison prochaine, on vous sentirait presque capable de vous réjouir pour eux, non?

Houla non! Je les aime bien, mais je préfèrerais qu’ils le gagnent une fois que j’aurais arrêté le football! Bon maintenant, si le F91 n’est plus dans le coup et qu’il y a le choix entre Differdange et… allez j’invente, le Progrès, bien sûr que je serai pour Differdange!

Beaucoup de très bons attaquants ont échoué à s’imposer au F91 ces dernières années. Ça ne vous fait pas peur?

De toute manière, dès que tu changes de club, le risque d’échec est présent, il ne faut pas se voiler la face. Je sais que ce sera très dur, mais je n’ai pas fait ça à la va-vite. J’ai eu simplement peur d’arriver à un âge où j’aurais pu m’installer pour trois ans de plus dans une routine et ne jamais parvenir à boucler la boucle avec un titre de champion.

Quel moment de ces six dernières années vous restera le plus cher?

Les Coupes d’Europe, c’est magique, mais je dirais plutôt cette glissade qu’Andy (May) et moi on a faite, dimanche soir, devant les supporters…

Julien Mollereau