Reconstruire en bois la charpente de Notre-Dame de Paris est « probablement la bonne solution », a plaidé jeudi lors d’une audition publique Pascal Prunet, un des architectes des monuments historiques en charge de sa restauration.
« L’usage du bois est probablement la bonne solution. Pour sa souplesse notamment. Et trouver le bois n’est pas un problème. A priori tout permet de penser qu’on peut reconstruire la charpente en bois », a insisté cet architecte qui se félicite qu’ait pu être préservée « une connaissance parfaite » de cette charpente du Moyen-Age qui a brûlé le 15 avril.
D’autres architectes avaient objecté que la reconstruction en bois prendrait trop de temps, que le bois de chêne serait difficile à trouver et long à sécher, que ce choix contribuerait à la destruction des forêts. L’acier ou le béton seraient plus pratiques, argumentaient-ils.
Pascal Prunet, qui travaille dans l’équipe resserrée de l’architecte en chef Philippe Villeneuve, et le représentait à l’audition organisée au Sénat, a mis l’accent sur plusieurs problèmes urgents à traiter comme celui des « pierres altérées par l’incendie, les chocs et les eaux » et qui datent pour certaines de 1170. Il y a un « phénomène d’alourdissement des pierres : une augmentation de poids parfois considérable », et « les épidermes des pierres se transforment », a-t-il remarqué.
« Saisir l’opportunité » de nouvelles connaissances
« Il faut retrouver des pierres en quantité assez importante », « rechercher les pierres de substitution, rapidement », a-t-il encore dit. Il a suggéré de « rouvrir des carrières de pierres du bassin parisien, le plus près étant le mieux ». Une « autre approche assez compliquée » concerne l’étaiement des arc-boutants, qui ont 15 mètres de portée, 50 cm de large en moyenne. « Le moindre déséquilibre du voûtement peut entraîner leur chute », a-t-il prévenu. Ce côté léger de Notre-Dame fait partie de sa « grâce », a souligné l’architecte.
Concernant les vitraux hauts qui ont été déposés, il s’est réjoui du fait que « la plupart ne soient pas dégradés » même s’il « faudra les restaurer ». Une autre difficulté est celle des particules de plomb, hautement inflammables, qui présentent un danger pour la santé des ouvriers. « La dégradation du plomb dans l’incendie a pu contribuer au développement même du feu », a-t-il observé. « C’est une question de semaines voire de mois, pour finir la phase de consolidation ».
C’est seulement alors qu’on pourra « entrer dans la phase pleine du diagnostic » avec la possibilité de monter sur les voûtes, a-t-il précisé. « Il y a dans ce chantier un formidable champ d’acquisition de connaissances dont il faut saisir l’opportunité », a souligné à plusieurs reprises l’architecte.
LQ/AFP