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Notre-Dame des Landes : l’État relance les travaux


Des zadistes opposés au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le 22 septembre. (photo AFP)

La préfecture de Loire-Atlantique a annoncé vendredi que le futur aéroport de Nantes, à Notre-Dame des Landes, devrait commencer à sortir de terre en 2016. Cette annonce met fin à trois ans d’immobilisme, à quelques semaines des élections régionales.

Un nouveau chapitre va s’ouvrir dans la saga Notre-Dame des Landes (Loire-Atlantique). La préfecture du département a en effet officiellement annoncé vendredi 30 octobre que les travaux de construction du futur aéroport de Nantes reprendraient en 2016. Cette décision met fin à trois ans d’interruption du chantier.

Le calendrier s’est soudainement accéléré depuis le 20 octobre, quand Manuel Valls a annoncé l’intention du gouvernement de « poursuivre le projet ». Dans le sillage de ces propos, un appel d’offres a été lancé, le 25 octobre, pour des « travaux de débroussaillage, de rétablissement d’accès et de clôtures de la desserte routière de l’aéroport du grand ouest à Nantes », à échéance du 23 novembre 2015. Puis l’annonce de la préfecture est intervenue.

Cette rapidité contraste avec les nombreux délais qui ont retardé la construction de cet aéroport déclaré d’utilité publique en 2008. Il devait initialement être inauguré en 2017, à 17 kilomètres au nord de Nantes, afin de remplacer l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique saturé.

Le sujet divise toujours

Ce changement de tempo est dû à l’épuisement des nombreux recours en justice déposés par les opposants au projet. Ceux-ci font, depuis des décennies, valoir un impact environnemental très important et un manque de pertinence économique du projet. En juillet, le tribunal administratif de Nantes a néanmoins rejeté l’ensemble des recours déposés contre les arrêtés préfectoraux qui autorisaient le lancement des travaux du futur aéroport par son concessionnaire Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci.

Reste que sur le plan politique, le sujet divise toujours à quelques semaines des élections régionales des 6 et 13 décembre. L’annonce de la préfecture « est une excellente nouvelle pour tout le Grand Ouest », s’est ainsi réjouie la direction de la Chambre de commerce et d’industrie des Pays de la Loire, tout comme le candidat Les Républicains aux régionales Bruno Retailleau.

« Ce qui me met hors de moi, c’est la stratégie du gouvernement qui ne répond pas aux arguments de fond, leur oppose un silence opaque et, pire, pratique la rétention d’informations et même le mensonge, s’est à l’inverse insurgée Françoise Verchère qui préside le Cédpa, une des principales associations d’opposants. Un État qui fait cela n’est pas respectable ».

Dénonçant « la volonté du gouvernement de passer en force » et son « hypocrisie » à l’heure où il s’apprête à recevoir la COP21, un représentant des « zadistes » a d’autre part fait part de leur intention de « s’opposer à toute tentative de reprise des travaux ».

Un symbole

Sur le terrain, le retour au calme semble en effet précaire. La contestation pèse sur la vie politique locale depuis les années 1970. Notre-Dame des Landes est devenue au fil du temps un symbole et fut la première « Zone à défendre »(ZAD) peuplée de « zadistes ». Ces militants écologistes radicaux et anticapitalistes ont donné leur surnom à d’autres oppositions de même nature en France, notamment à Sivens (Tarn) contre un projet de barrage. Rémi Fraisse, un opposant, y a trouvé la mort en octobre 2014.

Pour l’heure, à Notre-Dame des Landes, la zone humide bocagère de 1 600 hectares n’a donc vu se construire que des cabanes d’opposants. Ils seraient entre 100 et 300, rejoints à chaque tentative d’intervention par une opposition « institutionnelle » d’agriculteurs proches de la Confédération paysanne et d’élus écologistes.

Le mouvement a fait tache d’huile. Deux cents comités anti – « NDDL » ont essaimé dans toute la France depuis 2012. Il se radicalise aussi. Des heurts violents ont émaillé les diverses manifestations dans les rues de Nantes.

Le Quotidien / AFP