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Nos données ont de la valeur mais pas de prix


Les données massives sont une mine d'or pour les GAFA et un élément perturbateur pour le modèle d'affaires des assurances. (illustration AP)

Le big data change le monde et la société, mais n’a aucune valeur monétaire, ce qui pose plusieurs problèmes.

Ce point a été soulevé pendant une discussion sur le big data et l’intelligence artificielle qui s’est déroulée vendredi au Kirchberg. Christian Schmidt, du think tank suisse de l’assurance «The Geneva Association», nous en dit plus sur le sujet.

Pour rappel, par l’expression «big data» (mégadonnées en français), on entend une masse très volumineuse de données qu’un outil classique de gestion de base de données ne peut pas traiter. Chaque jour, d’après IBM, 2,5 trillions d’octets de données sont produits dans le monde (un trillion équivaut à un milliard de milliards). Un chiffre vertigineux.

Lors de la discussion intitulée «Le merveilleux monde du big data et de l’intelligence artificielle, ce que cela signifie pour le secteur des assurances et le contrôle des assurances», Christian Schmidt, directeur «Stabilité financière et réglementation» au think tank suisse de l’industrie de l’assurance appelé «The Geneva Association», a affirmé : «Les mégadonnées transforment le monde et la société.»

720 dollars par an

C’est certain. En revanche, on ignore quelle est la valeur de toutes les données que nous partageons chaque jour sur les différents réseaux sociaux existant actuellement. Cette absence de prix « crée des problèmes pour les consommateurs, l’industrie (des assurances) et toute la société ».

Sur ce point précis, le directeur du laboratoire d’idées relève qu’il n’y a pas « d’accord sur le prix des données » diffusées sur la toile. Il évoque des problèmes comme le manque de transparence et surtout le fait que les trillions de données produites arrivent dans les mains d’entreprises que l’on ne connaît pas forcément. « Si vous saviez le prix des données, probablement que vous ne les partageriez pas », souligne-t-il.

Il continue en faisant référence à une publication de la Chambre des lords parue il y a deux ans. Elle donne une estimation de la valeur de nos données que le géant de l’internet Google utilise dans ses discussions avec les investisseurs. Et ce n’est pas cher donné : 720 dollars par an. Il s’agit pour Christian Schmidt d’une «compensation» pour les services de Google et des autres géants comme Facebook que l’on utilise.

Le droit à l’oubli

Ce partage de données pose des problèmes en termes de protection de la vie privée. Le règlement général sur la protection des données, le RGPD, entré en application au mois de mai dernier permet aux consommateurs de disposer d’un droit à l’oubli. Il peut demander à une entreprise d’effacer toutes les données le concernant.

Ce texte européen touche de plus en plus la façon dont la société considère la protection des données, pas seulement en Europe mais aussi dans d’autres pays. Les entreprises américaines installées sur le continent européen doivent elles aussi respecter les règles. Durant la conférence, les différents intervenants ont évoqué Google en tant que challenger potentiel des compagnies d’assurances. Les grands groupes comme celui de Mountain View peuvent avoir « un impact sur les autres industries » car elles ont une masse très importante de données.

Aude Forestier